Crise de boulimie
Malgré une enfance heureuse, c’est la guerre dans sa tête
En principe les chirurgiens n’acceptent pas de mettre des anneaux gastriques pour diminuer l’estomac des personnes boulimiques hyperphagiques.
Marie Raphaëlle le savait. Mais son addiction la faisait tellement souffrir qu’elle voulait essayer malgré tout et, de ce fait, n’a pas dit au chirurgien qu’elle était boulimique.
Pour elle comme toutes les personnes qui ont une addiction alimentaire, on ne peut pas supprimer l’addiction sans travailler à changer ce qui provoque l’addiction.
ZOÉ : « J’ai peut-être un truc à dire qui était juste rebondir sur ce que disait Elisabeth.
Elle disait qu’elle avait pensé qu’elle a des symptômes plus intenses.
En fait, c’est difficile pour moi aujourd’hui, de me souvenir à quel point j’étais mal. C’était la souffrance permanente. C’était la guerre. C’était les bombes qui tombaient autour de moi tous les jours.
« J’ai passé 10 ans de ma vie à faire trois attaques de panique par jour. Les boulimies c’était non-stop. Ma vie c’était la journée des boulimies, la nuit des boulimies.
J’ai dû arrêter deux écoles à cause de ça ; c’était vraiment intense. À l’époque, quand j’étais comme ça, c’était impossible pour moi de m’imaginer qu’un jour ça pourrait être fini.
Il y a une vraie différence aujourd’hui. L’angoisse elle est plus facilement gérable, je ne me sens plus jamais vide. Je m’ennuie très rarement ; même si j’ai plus de boulimie, quand je me sens angoissée, il y a d’autres choses que je peux faire pour me distraire. J’arrive à me distraire de l’angoisse, j’arrive à communiquer avec les autres.
C’est facile. Je n’ai pas besoin de faire des efforts, je n’ai pas besoin de penser à ce que je dis, ce qui était impensable avant.
Avant, même si j’avais passé un bon moment, je rentrais chez moi et je faisais une boulimie.
Il n’y a pas beaucoup de monde qui était aux groupes qui m’a vu comment j’’étais. C’était la catastrophe ; je n’étais même pas malheureuse, c’était pire que ça. J’étais au bord du suicide six fois par jour. La seule raison pour laquelle je ne me suicidais pas, c’était mes parents. Et jusqu’à peu, c’était encore comme ça ; peut-être deux ans, deux ans et demi, que je me disais que je suis tellement malheureuse, je suis tellement triste, si ça va pas mieux, ça ne me dérange pas de mourir.
Et puis, petit à petit, ça change. Aujourd’hui, je suis plutôt contente d’avoir été aussi mal, parce que ça permet d’avoir une ouverture d’esprit tellement plus grande, une souplesse d’esprit tellement plus grande. J’ai gardé tous les bons côtés de ma personnalité : la créativité la sensibilité la finesse, l’intelligence, l’ouverture d’esprit, la curiosité. »
CATHERINE : « Tu vois Elizabeth ce qu’elle raconte de son malaise ».
ELISABETH : « Oui, on se dit que tout est possible ». »
Crise de boulimie
La crise de boulimie cause, chez les personnes qui en sont atteintes, comme chez leurs proches, une grande stupéfaction et une totale incompréhension. La crise de boulimie consiste à se jeter avec avidité sur la nourriture sans avoir faim et presque sans fin. Selon les personnes, les fréquences sont différentes. Certaines ont une crise de boulimie tous les soirs, d’autres ont plusieurs crises de boulimie dans la même journée, d’autres n’ont qu’une à deux crises de boulimie par semaine. Il ne suffit pas de se jeter souvent sur la nourriture avec avidité pour pouvoir poser le diagnostic de crise de boulimie. Ce qui la caractérise, par rapport aux personnes qui ont tendance à manger beaucoup et souvent, c’est qu’elle se fait sur un mode pulsionnel et contre la volonté consciente, avec beaucoup de culpabilité. Ce qui différencie également les crises de boulimie du comportement avide vis-à-vis de la nourriture que peuvent avoir certaines personnes, en dehors de la culpabilité, c’est le sentiment de honte qui leur est associé. On souhaite de toutes ses forces réussir à ne pas se jeter sur la nourriture, on lutte parfois toute la journée, parfois plusieurs jours pour finalement craquer malgré soi.
Crise de boulimie
Crise de boulimie : Définition
La crise de boulimie se caractérise par l’absorption rapide et de manière compulsive de grandes quantités de nourriture, en général dans un temps court, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Le symptôme boulimie concerne aussi bien les hommes que les femmes, adolescents ou d’âge mûr. Si la crise de boulimie peut se dérouler en un temps très court, elle peut aussi durer très longtemps. Certaines personnes mangent très vite et d’autres mangent d’une manière automatique, lentement. Il arrive que les proches ne se rendent pas compte des crises de boulimie parce que la personne mange beaucoup pendant le repas et souvent, sans que les autres le sachent, et continuera sa crise de boulimie dans une autre pièce de la maison pendant une heure ou deux et parfois plus.
La crise de boulimie cause parfois des erreurs de diagnostic et peut souvent être prise pour de l’anorexie. Quand on est adolescent, on peut se retenir pendant plusieurs mois de manger et perdre énormément de poids. Souvent les adolescents se retrouvent dans un service hospitalier pour anorexie alors qu’en réalité ils sont boulimiques. Cette erreur de diagnostic est fréquente quand on ne se base que sur le comportement. Mais si, comme le suggérait la psychanalyste … on se basait sur le discours et non pas sur le comportement, on pourrait distinguer une personne boulimique très maigre qui fait momentanément de l’anorexie et qui fera plus tard de la boulimie, d’une personne anorexique.
Une fois passée l’adolescence, on voit aussi des comportements qui se rapprochent de l’anorexie sur le plan du poids. On peut se retenir toute la journée de faire une crise de boulimie, non sans être obsédé par la nourriture, mais sitôt rentré à la maison, on se jette sur la nourriture avant de faire ses devoirs. Si c’est le parent qui fait des crises de boulimie, il parvient à tenir héroïquement jusqu’à ce que les enfants soient couchés.
Crise de boulimie
Crise de boulimie : cause
Les crises de boulimie ont une cause. Bien qu’on ait parfois tout pour être heureux, on ressent en permanence un malaise interne, une tension permanente, le sentiment d’être étranger à ce monde et à sa propre vie. Certaines personnes réussissent à s’intéresser à leur travail ou à leurs études, d’autres pas, et les uns comme les autres, à la sortie du travail ou de l’école, se sentent envahies par un ennui profond doublé d’une fatigue intense.
Le symptôme boulimie a un sens. Mais contrairement aux symptômes habituels qu’on rencontre chez les personnes névrosées, la crise de boulimie n’est pas l’expression d’une pulsion sexuelle refoulée. Le symptôme boulimie ne correspond pas, comme la plupart des symptômes névrotiques, à un langage qu’il faut décoder. La crise de boulimie est une pulsion primaire. Elle n’a rien à dire, rien à cacher. Elle a juste pour fonction de procurer un apaisement immédiat. Remède contre les tensions internes, contre l’ennui, elle est juste un moyen de lâcher prise pour les personnes qui en souffrent.
Crise de boulimie
Le cas spécifique de la crise de boulimie vomitive
La crise de boulimie, dans le cas de la boulimie vomitive, peut avoir lieu plusieurs fois dans la journée. Même si à chaque fois elle est énorme. On peut manger en peu de temps des quantités phénoménales, aller ensuite discrètement tout vomir, prendre quelques instants de pause pendant lesquelles on se sent vidé et calme tout à la fois, et recommencer un peu après, comme si la crise de boulimie vomitive précédente n’avait pas eu lieu. Elle se fait plus discrète que la crise de boulimie non vomitive. Elle peut parfois passer complètement inaperçue pour l’entourage. Certaines personnes peuvent même la faire au restaurant, quitter la table quelques minutes prétextant d’aller aux toilettes, et revenir très peu de temps après avoir vomi. Parmi elles, beaucoup n’ont même pas besoin de mettre les doigts dans la gorge pour provoquer la remontée de la nourriture. Je connais des personnes qui sont restées une vingtaine d’années sans rien dire à leur partenaire qui de leur côté ne s’en est jamais rendu compte
L’entourage ne repère pas du tout le symptôme boulimie et encore moins la crise de boulimie vomitive.
Crise de boulimie
Crise de boulimie : quels en sont les symptômes ?
Le symptôme boulimie n’est pas un symptôme comme les autres, c’est-à-dire un symptôme qui cache une pulsion refoulée. Il n’est peut-être même pas un symptôme dans la mesure où ce n’est pas un langage. La crise de boulimie est en deçà du langage : elle est juste un apaisement, une respiration, le réflexe de survie d’une personne qui se sent éteinte en permanence, même quand, pour les autres, elle brille de mille feux. Si les crises de boulimie peuvent parfois occasionner des symptômes organiques, voire même des maladies, elles permettent de revenir symboliquement au temps où on était tout petit bébé, et où la bouche pleine était associée à la présence rassurante de la personne nourricière. Les personnes qui font des crises de boulimie peuvent être très intelligentes, très performantes au travail, très brillantes aux yeux de tous et en même temps se sentir sur le plan affectif comme un tout petit bébé qui a besoin qu’on le rassure, qu’on lui montre le sens de sa vie, on s’occupe de lui. Et en psychothérapie, les personnes qui font des crises de boulimie expriment souvent leur problématique psychologique par une seule et même phrase : « je ne sais pas où est ma place ». Comme s’il devait nécessairement y avoir une place pour elles sans même qu’elles aient à se la créer.
Crise de boulimie
Le cas spécifique de la crise de boulimie non vomitive
La crise de boulimie non vomitive peut se manifester soit par une absorption rapide et gloutonne d’une grande quantité de nourriture, comme pour les crises de boulimie vomitive, soit en moins grande quantité que les crises de boulimie vomitive. La crise de boulimie non vomitive cause parfois des douleurs insupportables quand les quantités sont énormes, que le ventre semble vouloir exploser. Je connaissais une jeune femme qui, après une crise de boulimie non vomitive ne supportait ni d’être assise, ni d’être couchée tant la douleur est grande. J’ai aussi connu des personnes qui, après une crise de boulimie non vomitive, se sentaient tellement mal qu’elles simulaient parfois un suicide pour pouvoir bénéficier d’un lavage d’estomac à l’hôpital.
Crise de boulimie
Crise de boulimie : cause
Dans le documentaire « Boulimie et Thérapie », que j’ai tourné il y a une vingtaine d’années avec des personnes qui s’étaient sorties de leur boulimie grâce à une psychothérapie de groupe et qui racontaient leur enfer passé avec beaucoup d’émotion, une jeune femme souffrant de crises de boulimie non vomitive, explique très bien les douleurs physiques et mentales qu’elle avait connues du temps où elle était boulimique.
Crise de boulimie
Quels en sont ses symptômes de la crise de boulimie ?
La crise de boulimie cause des douleurs chez les personnes qui ne se font pas vomir. Mais les quantités de nourriture absorbées sont variables selon chaque personne. Certaines vont seulement picorer de petites quantités toute la journée. Cela reste une crise de boulimie, morcelée, parce que le symptôme boulimie, du point de vue mental, est le même que pour les personnes qui font des grosses crises : prise de poids rapide, nécessité de réussir à faire des régimes réguliers pour reperdre le poids trop vite gagné, et surtout des traits de personnalité identiques. Contrairement aux personnes qui sont hyperphagiques sans avoir le symptôme boulimie, les personnes hyperphagiques boulimiques ont tendance à manger en cachette, elles ont une très mauvaise image d’elles-mêmes, elles se sentent en décalage avec les autres, mal aimées, pas comprises. La crise de boulimie cause une sensation de honte et d’impuissance. La boulimie cause aussi des syndromes dépressifs.
Crise de boulimie
Autres Cas spécifiques de crises de boulimie
Le symptôme boulimie ne se résume pas aux crises de boulimie. Il englobe aussi toute une série de caractéristiques mentales qui accompagnent tous les types de comportements alimentaires, que l’on fasse des crises de boulimie gargantuesques, que l’on picore toute la journée ou même que l’on parvienne à se retenir de manger plusieurs jours pour « craquer » au bout d’un certain temps. La crise de boulimie cause, qu’elle soit rapide et énorme ou qu’elle s’étende sur toute la journée sans s’arrêter, une dépression dite secondaire.
Il s’agit d’une dépression secondaire parce que la dépression est déclenchée par les crises de boulimie. Comme dans le mythe, tel Sisyphe qui remonte son rocher à chaque fois qu’il retombe, la crise de boulimie cause un sentiment d’absurdité face à tous les évènements de la vie. On est tellement obsédé tout le temps par le besoin de manger, qu’on ne parvient pas à se rendre disponible pour les choses de la vie les plus importantes, comme la relation de couple ou la relation à ses enfants ou la relation à tout ce qui appartient au domaine affectif.
Pour les relations professionnelles, cela dépend de chacun. J’ai vu des personnes réussir formidablement dans leur travail. Ce n’est un secret pour personnes de nombreuses stars de cinéma et autres personnalités, bien qu’ayant réussi une carrière exceptionnelle, souffraient des crises de boulimie. J’ai moi-même compté, parmi mes participants, des avocats, des médecins, des diplomates et quelques stars du monde du spectacle. En revanche il arrive aussi parfois que des personnes ne peuvent plus sortir de leur domicile tant elles ne sont motivées par rien d’autre que par manger, dormir, ne rien faire d’autre. La crise de boulimie cause, pour certains une très grande fatigue et une non-envie de sortir de chez soi.
Crise de boulimie
La crise de boulimie en étant enceinte
Les crises de boulimie inquiètent les futurs parents, surtout les femmes souffrant de boulimie vomitive. Elles ont peur, avec les vomissements, de nuire à la croissance du bébé qu’elles portent quand elles sont enceintes. C’était mon cas quand j’avais 24 ans. Courageusement j’en ai parlé à mon médecin qui m’a rassurée. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter parce que les bébés se nourrissaient de toute façon dans le corps de leur mère de tout ce dont ils avaient besoin. Je n’étais pas très maigre, mais si je l’avais été, cela n’aurait rien changé : le bébé aurait été en bonne santé en naissant. La seule chose que j’avais à diminuer, voire même à éliminer, c’est l’alcool. Souvent les personnes boulimiques couplent les ingestions de nourriture avec de l’alcool ou de la drogue. La plupart ne sont pas alcooliques à proprement parler. Mais elles utilisent souvent l’alcool comme anesthésiant lorsqu’elles ont des crises… émotionnelles cette fois. En dehors des crises de boulimie, les humeurs sont en dents de scie, et quand elles grimpent trop haut ou qu’elles descendent trop bas, elles ressentent un état de tension insupportable. Toutes les personnes qui ont des crises de boulimie n’utilisent pas de l’alcool pour se calmer, mais beaucoup le font, et c’était mon cas. Quand l’obstétricien m’a dit de ne plus prendre d’alcool du tout pendant ma grossesse j’étais désemparée : comment allais me faire dans les moments où j’avais l’impression d’imploser? j’ai expliqué à l’obstétricien que c’était très difficile pour moi de ne pas prendre de l’alcool de temps en temps et il m’a dit: « dans ce cas je préfère que vous preniez une bonne cuite de temps en temps plutôt que de boire de l’alcool tous les jours ». Je ne sais pas s’il aurait dit la même chose aujourd’hui. Mais j’en profite pour rassurer toutes les personnes qui ont besoin de temps en temps de boire de l’alcool pour apaiser de trop grandes tensions intérieures, depuis que je ne suis plus boulimique je prends de l’alcool raisonnablement. Et lorsqu’une patiente me dit qu’elle prend beaucoup d’alcool en plus de sa boulimie, je ne m’inquiète pas outre mesure : lorsqu’elle ne sera plus boulimique il est probable qu’elle n’aura plus besoin de prendre de l’alcool régulièrement.
Crise de boulimie
Quels en sont les symptômes ?
Le symptôme boulimie (symptôme au sens médical et non psychanalytique) est exactement le même quand on est enceinte. Les personnes qui font des crises de boulimie vomitive continuent à se faire vomir exactement comme auparavant. Celles qui avaient des crises de boulimie non vomitive continuent à manger autant qu’avant, soit sous forme de crises, soit sous forme d’hyperphagie tout au long de la journée. Il peut arriver parfois, quand une femme est très heureuse d’être enceinte, que pendant cette période-là, elle n’ait pratiquement plus de crises de boulimie. Toutes les femmes qui souffrent de boulimie n’ont pas nécessairement envie d’avoir des enfants, mais certaines sont très épanouies lorsqu’elles attendent un enfant. Quand c’est le cas, pendant la période de grossesse, ces femmes-là n’ont pratiquement pas de boulimies. II arrive même, pour certaines, que ce soit pour elles une période tellement épanouissante qu’elles décident d’être enceintes à répétition.
Crise de boulimie
Le cas du boulimique le soir
Quand on pense à la nourriture toute la journée et qu’on se retient de manger parce qu’on travaille, le soir est le moment où on ne peut plus se retenir. Les célibataires reviennent à la maison avec une foultitude de provisions. Les personnes (homme ou femme) qui ont un partenaire de vie préparent à manger pour le repas du soir. Mais en quittant la table, le repas s’éternise encore : seul(e) dans la cuisine il où elle finit les plats Et quand il n’y a plus rien, attaque tout ce qui peut rester dans les placards de comestible : Les corn-flakes avec du lait, du pain du beurre et du fromage s’il en reste, tout ce qu’il y a dans les placards y passe.
La femme ou l’homme qui partage la vie de ces personnes se sent généralement très seul(e) quand le soir est venu. Je me souviens d’avoir eu dans un groupe une jeune femme tout à fait magnifique, aussi belle que Julia Roberts dans Pretty Woman. C’était il y a une vingtaine d’années. Elle s’enfermait des heures dans la cuisine, après le repas du soir, pendant des années. L’homme qui vivait avec elle ne lui faisait pas de reproches et ne se plaignait pas, mais elle se sentait très malheureuse de ne pas pouvoir partager ses soirées avec lui. Je me souviens aussi d’un homme qui était instituteur. Il adorait son métier. Je suis à peu près sûre qu’il le faisait très bien, avec beaucoup d’empathie pour les enfants. Par contre quand il rentrait le soir, il filait dans un coin de la maison pour commencer à boire de l’alcool en quantité suffisante pour se calmer. Il partageait ensuite la table avec sa femme et ses enfants mais ne pensait qu’à ce qu’il avait dans son assiette, ne se sentant pas disponible pour les écouter parler. Après le repas, il continuait à manger encore et encore. Je ne me souviens plus s’il faisait des crises de boulimie vomitive ou non vomitive. Mais je me souviens de la honte qu’il en ressentait.
Crise de boulimie
Quels en sont les symptômes ?
En général les personnes qui ont des crises de boulimie s’arrangent pour ne pas être obèses. Soit elles se font vomir, soit elles font énormément de sport. Les symptômes induits par des crises de boulimie ne sont donc pas toujours l’embonpoint. En revanche, la crise de boulimie cause chez presque tous et toutes beaucoup de honte, un sentiment d’échec et d’impuissance. La boulimie cause des désordres psychologiques qui viennent se surajouter aux difficultés psychologiques et sociales qui sont responsables de l’addiction.
Mais la répétitivité des crises de boulimie, ainsi que l’obsession constante même quand on ne mange pas, sont désespérantes, et parfois un état dépressif s’installe. Il arrive que pendant cette période dépressive, les personnes qui d’habitude ont une boulimie vomitive n’ont plus le courage de se faire vomir. Celles qui ont une boulimie non vomitive non plus le courage de faire du sport ni des périodes de jeûnes pour perdre les kilos si rapidement amassés. Les unes comme les autres peuvent devenir obèses dans ces moment-là, prendre 20 ou 30 kilos d’un seul coup. Quand je vois une personne boulimique obèse je ne me dis pas qu’elle a une boulimie non vomitive, parce que je sais que les personnes qui ne se font pas vomir parviennent généralement à rester minces. Mais je me dis qu’elle est probablement très déprimée. Déprimée au point de ne plus avoir le courage de faire ce qu’il faut pour rester mince, et aussi parce que l’embonpoint les dégoûte plus que tout.
Crise de boulimie
La crise compulsive alimentaire
Le symptôme boulimie s’accompagne toujours de compulsivité alimentaire. Mais il y a d’autres personnes que les boulimiques qui se plaignent de compulsivité alimentaire. Il y a beaucoup de gens qui ne résistent pas à un bon repas, qui mangent plus que ce qui est raisonnable, qui se resservent souvent plusieurs fois. Ceux-là nettoient leur assiette avec du pain au point de la faire briller. Il ne suffit pas de manger beaucoup, énormément, compulsivement, pour être boulimique. On peut avoir des crises alimentaires compulsives sans ressentir de souffrance mentale. Comme le dit très justement la psychanalyste Caroline Eliacheff (au cours d’une conférence il y a déjà trente ans), les personnes qui ont des crises compulsives alimentaires boulimiques ont un discours très différent des personnes qui ont des crises compulsives alimentaires et qui ne sont pas boulimiques. J’ai rencontré des gens qui avaient des crises compulsives alimentaires et qui néanmoins, dans leur vie intime, se sentaient très bien dans leur peau, même s’ils avaient beaucoup de poids en trop. On peut être gros et pas complexé. On peut être gros et n’avoir pas de honte, se sentir bien parmi les autres sans avoir besoin de surjouer pour se sentir aimé.
Crise de boulimie
La crise de boulimie, le sucre : une solution ?
Y’a-t-il une dépendance au sucre ? Certaines personnes font des crises de boulimie en privilégiant le sucre. Elle se demandent parfois si ce n’est pas le sucre dans leur corps qui agit comme une drogue, en créant une dépendance physiologique. On entend beaucoup de théories sur ce sujet. N’étant ni chercheuse, ni médecin, mais psychologue et ayant moi-même beaucoup fait des boulimies sucrées quand j’étais jeune, je ne vois pas le sucre comme un objet d’addiction. En tout cas pour moi ce n’était pas le cas puisque, lorsque je n’ai plus eu de boulimies, le sucre ne m’a plus manqué, sans que j’ai d’efforts à faire pour m’en sevrer. Chez les gens que j’accompagne aujourd’hui en psychothérapie de groupe je remarque que quand on commence à se sentir bien dans sa peau et bien parmi les autres, avec de l’estime de soi, Les besoins de sucre ne sont plus aussi importants qu’avant.
Crise de boulimie
Autres crises, autres cas ?
Cela dit on ne peut pas nier que le sucre ait un effet antidépresseur. Il est souvent utilisé pour supporter des périodes émotionnellement difficiles ; et pas que chez les personnes souffrant de boulimie mais chez tout le monde. Bien sûr, parmi ceux qui font des crises de boulimie, il y a des gens qui n’aiment pas le sucre, mais beaucoup ont tendance à prendre les aliments sucrés, bonbons, chocolats, gâteaux dans les périodes de régression affective. Il n’est pas rare non plus que des gens qui ne souffrent pas de boulimie en temps normal fassent des périodes de crise de boulimie dans les moments où ils se sentent particulièrement fragiles. D’où l’intérêt de ne pas confondre l’addiction alimentaire boulimique et les crises de boulimie. Tout le monde peut avoir de temps en temps une crise de boulimie sans être pour autant prisonnier d’une addiction alimentaire.
Crise de boulimie
La crise d’anorexie
Je ne sais pas si on peut parler de crise d’anorexie pour les personnes qui sont anorexiques. S’il fallait employer le mot « crise » pour l’anorexie, je crois que ce serait plus judicieux de parler de crises d’hyperactivité, tant pour gérer la vie quotidienne que, d’un point de vue intrapsychique, pour garder un contrôle total sur soi. Ne pas manger quand on a faim, ne pas laisser de graisse s’installer, garder un corps d’enfant, fragile, immature, avec le secret espoir de ne jamais devenir adulte et surtout garder le contrôle, tel est je crois ce qui motive plus que toute autre chose les anorexiques à ne pas manger. Mais je ne suis pas une spécialiste de l’anorexie, même si je vois des personnes boulimiques aussi maigres que des anorexiques à force de faire des crises de boulimie vomitive.
Crise de boulimie
Quels en sont les symptômes ?
Selon le professeur Jeammet, l’hyperactivité physique, le contrôle, la faim, procurent un sentiment d’une continuité du soi, « barrage salutaire contre les vagues pulsionnelles de l’adolescence et leurs effets désorganisants ». Mais ça coûte cher. Ça peut coûter la vie puisqu’il y a un refus de toute nourriture. Le professeur Jeammet, en 1989, écrivait que l’un des symptômes créés par l’anorexie était le désinvestissement du monde. Si l’anorexique est hyperactive c’est pour se fuir, fuir les tensions internes qui la tourmentent en continu. Elle s’agite pour calmer son corps et ses « vélos » mentaux. Mais, comme les personnes boulimiques, les anorexiques tournent en rond sans avancer. (Jeammet Ph., 1989).
Crise de boulimie cause. si on se place d’un point de vue psychologique on se dit que les symptômes créés par l’anorexie, tout comme ceux qui sont créés par les crises de boulimie, sont peut-être un moindre mal. Sans eux, sans le besoin de contrôle de l’anorexique, sans le lâcher-prise que procurent les crises de boulimie chez les personnes boulimiques, la vie serait peut-être insoutenable.
Crise de boulimie
La crise de TCA
Les TCA ou troubles du comportement alimentaire présentent une grande variété de symptômes. Il y a les personnes qui font des boulimies vomitives, il y a celles qui font des boulimies non vomitive, Il y a celles qui mangent avec avidité beaucoup et en peu de temps, c’est ce qu’on appelle des crises de boulimie. Il y a celles qui sont en crise toute la journée au sens où elles n’arrêtent pas de manger, même si ce ne sont pas de grandes quantités absorbées en une fois…
Et puis il y a ces crises, chez les personnes qui ont des TCA, dont on parle peu. Des crises de fatigue mentale, des crises de désespoir, des moments aussi intenses que des burn-out, mais qui ne durent pas aussi longtemps. Ces crises-là créet une grande souffrance chez la personne qui y est sujette, mais également de grandes difficultés relationnelles quand l’affectif est en jeu. On peut s’emballer pour quelqu’un au point de tout détruire autour de soi. Comme on peut aussi quitter quelqu’un sur un coup de tête à l’occasion d’une crise émotionnelle qu’on a l’impression de ne pouvoir gérer que par la rupture. Les personnes sujettes au TCA, qu’elles soient boulimiques ou anorexiques, ou les deux en alternance, sont en crise émotionnelle très souvent au point de ne plus supporter leur entourage qui les supporte également très difficilement, tant leur humeur flirte en permanence avec les extrêmes. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit, après « Les Toxicos de la Bouffe » un ouvrage qui s’appelle: « Boulimie Anorexie, Guide de Survie pour Vous et Vos Proches ». Comme son nom l’indique, je tenais à donner des informations précises au personnes sujettes aux crises de boulimie mais aussi et surtout à leur entourage qui s’inquiète beaucoup sans savoir comment aider.
Crise de boulimie
Quels en sont les symptômes ?
La cause de la boulimie, vous l’aurez compris, est à considérer avec beaucoup d’attention. On croit souvent que c’est la boulimie qui rend malade physiquement et psychiquement mais en réalité, on a déjà un terrain psychologique et relationnel « malade » qui rend nécessaire de s’apaiser avec une addiction. Si je mets le mot « malade » Entre guillemets, c’est parce que d’un point de vue psychologique on ne parle de maladie que lorsqu’il y a une problématique neurophysiologique. Or, la cause de la boulimie est spécifiquement psychologique. Ainsi, j’insiste, on peut avoir des TCA (troubles du comportement alimentaire) pour d’autres raisons que des raisons émotionnelles et relationnelles affectives. Quand c’est le cas il s’agit bien de TCA mais non d’une addiction. Le trouble du comportement alimentaire peut donc être le symptôme d’une maladie comme il peut être aussi l’expression le un trouble de l’identité, lui-même le symptôme d’un problème archaïque lié à la toute première enfance et associé à beaucoup d’angoisse. Dans ce cas la crise de boulimie est le symptôme d’une angoisse intense.
Crise de boulimie
La crise d’hyperphagie
En tant que psychologue quand je me trouve confrontée à une personne qui vient me voir pour des crises d’hyperphagie, je commence à parler avec elle pour essayer de voir si son hyperphagie est boulimique ou pas. Certaines personnes font des crises d’hyperphagie par périodes, dans des moments de vie où elles se sentent fragilisées. On peut faire des crises d’hyperphagie dans des périodes de fragilité tout en ayant une personnalité psychiquement bien équilibrée. Il est évident que la psychothérapie avec une personne psychiquement bien équilibrée n’est pas la même qu’avec une personne dont la vie psychique est très tourmentée. Celle-ci présentera des symptômes très limites : angoisses, dépression, phobie sociale, haine de soi-même, agressivité permanente, ou au contraire repliement sur soi pathologique. Pour cette personne je sais d’’avance que le groupe sera nécessaire. Mais pour la personne dont l’hyperphagie est liée à une période de fragilité psychologique, je sais que la psychothérapie individuelle est possible, Même si le groupe reste, de mon point de vue, la psychothérapie idéale, dans la mesure où elle fait progresser à plusieurs niveaux, intra psychique ainsi qu’interrelationnel.
Crise de boulimie
Quels en sont les symptômes ?
Les symptômes de la crise d’hyperphagie qu’elle soit boulimique ou non boulimique, d’une certaine façon sont les mêmes : on mange beaucoup trop, sans faim et sans fin, juste parce qu’on ressent un besoin irrépressible de manger. Dans le cas de l’hyperphagie non boulimique, la personne ne peut pas se retenir de manger, tantôt par gourmandise, tantôt par avidité. L’acte de manger beaucoup, quand on n’a pas faim, a bien sûr un sens. Peut-être, sans être boulimique, se prive-t-on un peu trop de plaisir dans la vie quotidienne ? Peut-être ressent-on des difficultés relationnelles ? Peut-être a-t-on souvent tendance à s’ennuyer dans son travail ou dans sa vie privée ? Il se peut que, pour se donner des sensations de plaisir trop absent dans le quotidien, l’acte de manger soit moyen de régresser d’une très agréable façon. Avoir la bouche pleine, c’est retrouver ses sensations de bébé où le contact avec le parent nourricier est ce qui procure le plus de sécurité.
3/ Des vécus différents mais une même « faille » psychologique
Que l’on se fasse vomir ou pas, c’est un enfer. On n’imagine pas la souffrance de ces personnes, car elles ont souvent une apparence très lisse et un parcours brillant.