Boulimie
Doc : de la boulimie à la délivrance
En 1997, j’ai voulu faire un documentaire avec des personnes qui n’étaient plus boulimiques grâce à une approche psy en groupe centrée sur les problèmes d’identité et relationnels. Dans la 1ére partie, grosse émotion en évoquant leur passé de boulimique. Dans la 2è partie, sourires joyeux d’en être sorties.
Chacune a lu sa lettre, les larmes aux yeux, tant émotion était grande. Ces lettres sont toutes magnifiques.
J’ai juste choisi ici de retranscrire l’une d’elle, celle de Marie.
Il me semble que dans cette lettre Marie décrit le vécu intérieur de ce que ressentent la majorité des femmes qui ont une addiction alimentaire.
« Boulimie quand tu nous tiens. Certains diront « c’est beau d’avoir 20 ans ». Pour ma part, à 20 ans, plus rien n’a compté que manger. Quand j’ai commencé à devenir boulimique, je ne me suis pas demandée pourquoi ni comment cela avait pu m’arriver ? D’ailleurs ce que je vivais n’avait pas de nom. C’était un réflexe de survie pour continuer à vivre cette vie ou tout prenait en même temps un sens et son contraire. Être aimé et ne pas se sentir aimé. Vouloir dire non et s’entendre dire oui à la place. Ne pas avoir envie mais le faire quand même. Marcher et se sentir paralysé. Respirer et s’asphyxier en même temps. Apprendre et oublier dans le même instant… Je me sentais si mal, si bonne à rien, si inutile, face à ces contradictions perpétuelles, comme si j’étais en permanence à côté de la vie, sans pouvoir jamais y prendre ma place. Que faire face à ce vide d’existence ? Se remplir vite et bien, je dirai, engloutir des monceaux de nourriture, tout ce qui me tombait sous la main, qui me donner instantanément la sensation d’être simplement vivante par le simple fait de la saveur des aliments qu’on avale encore et encore sans fin et sans faim. Surtout ne plus s’arrêter pour rester en vie un petit moment de plus. Boulimie tu me tiens, ne me quittes plus. Sans toi c’est la mort, avec toi c’est l’enfer. De la mort, de l’enfer, mon choix est fait. Je veux vivre en enfer. »
Boulimie
La boulimie : définition
La boulimie se manifeste par un trouble du comportement alimentaire qui se manifeste par le besoin de se jeter sur la nourriture sans faim et sans fin. Elle peut être due à un dérèglement physiologique mais le plus souvent la boulimie est associée à un malaise psychologique dû à une hypersensibilité émotionnelle et un trouble de l’identité. Quelque chose d’indéfinissable se passe en soi. On ressent comme un chaos interne qui n’a pas de mots pour se dire, mais qui trouve dans l’absorption de nourriture un apaisement certain.
Pour éviter de prendre trop de poids, certaines des personnes qui en souffrent ont tendance à se faire vomir après avoir mangé en excès, tandis que d’autres tenteront de limiter l’embonpoint par la pratique de sport intensif, la prise de laxatifs, ou par des périodes régulières de jeûne.
À la demande des patients eux-mêmes, la médecine a tendance à les aider à réguler le comportement alimentaire pour leur éviter les problèmes somatiques et psychologiques qui pourraient s’en suivre. Mais restreindre son alimentation ne permet pas de supprimer le malaise psychologique interne de sorte que, au bout d’un moment, le besoin de manger avec avidité redevient plus fort que la volonté et reprend, non pas pour calmer la faim (il n’y a pas de faim) mais pour apaiser des tensions internes qui deviennent vite insupportables.
Si la médecine peut parfois être d’une aide certaine dans les moments de grandes angoisses ou de dépressivité, la solution reste psychothérapeutique afin d’aider la personne à acquérir les ressources cognitives et relationnelles qui lui permettront de ne plus avoir besoin de la boulimie pour s’apaiser.
Boulimie
Suis-je boulimique ?
On peut mettre longtemps avant de s’apercevoir qu’on est boulimique. Il y a des gens qui ne se posent même pas de question sur leur comportement alimentaire, sans pour autant comprendre pourquoi ils ont besoin de manger autant et aussi souvent. Il n’est pas rare que les gens appellent en disant: « je ne sais pas si je suis vraiment boulimique parce que je ne me fais pas vomir » ou bien « je ne sais pas si je suis vraiment boulimique parce que je n’ai qu’une ou deux crises par semaine » ou encore « … je ne fais pas de grosses crises, je ne mange que de petites quantités et après je vais vomir ».
Si le comportement alimentaire pour définir une boulimie importe en médecine, Il n’intéresse pas beaucoup les psychanalystes et les psychothérapeutes qui savent très bien que ce n’est pas en régulant l’alimentation que le besoin de manger pour s’apaiser diminuera. C’est la raison pour laquelle Il est plus approprié de définir la boulimie comme une obsession envahissante pour la nourriture. L’obsession ne se calme pas avec le sevrage mais elle peut disparaître lorsque la personne qui souffre de boulimie trouve des repères qui l’aideront à vivre sans avoir besoin d’une addiction pour tenir debout.
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Boulimie non vomitive et boulimie vomitive
Quelle que soit la forme que prend la boulimie, qu’elle soit vomitive ou non vomitive, il s’agit d’une addiction qui trouve sa source dans un problème commun : le sentiment de n’être pas à la hauteur, même quand on réussit dans la vie, la difficulté à être soi parmi les autres sans jouer un rôle, un sentiment de décalage avec les autres tout en ayant besoin, tantôt de s’accrocher à eux, tantôt de les fuir.
Si la prise en charge psychologique de la boulimie vomitive est la même que celle de la boulimie non vomitive, les ressentis ne sont pas les mêmes selon que l’on a une boulimie vomitive ou une boulimie non vomitive.
Il semble que la plus douloureuse à vivre mentalement est la boulimie non vomitive. Elle demande encore beaucoup plus d’efforts que la boulimie vomitive pour rester mince et dans les périodes où on n’y parvient pas, on souffre de honte, de culpabilité et surtout du regard des autres sur soi. La première peut nécessiter un traitement médical, proche de celui qu’on donne aux anorexiques, parce que trop de maigreur peut mettre la vie en danger. Tandis que la boulimie non vomitive peut parfois mener à l’obésité lorsque les personnes sont trop fatiguées pour s’astreindre une fois de plus à un énième régime.
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Le cas de la boulimie vomitive
Les personnes qui souffrent de la boulimie vomitive sont celles qui réussissent le mieux à passer inaperçues parce qu’elles mangent en cachette. La plupart du temps les gens qui les entourent ne se doutent de rien, et il arrive même que les proches eux-mêmes ne soient pas au courant. Pour cacher leur malaise, elles ont tendance à être très souriantes, en apparence très ouvertes d’esprit, très chaleureuses, très aimables. On les remarque souvent pour leur beauté ou pour leur charme. Comme si avoir un physique magnifique leur était nécessaire pour rattraper le fait qu’elles se sentent vide et moches à l’intérieur.
Dans la mesure où la boulimie est un symptôme lié à une hypersensibilité émotionnelle, de nombreux artistes et créateurs en sont atteints. Généralement ils ne disent pas qu’ils font de la boulimie, mais ils se disent, quand leur maigreur commence à se voir qu’ils sont anorexiques boulimiques, le mot « anorexie » étant plus glamour que le mot « boulimie ».
Faire de la boulimie vomitive peut conduire à des accidents de parcours. On peut faire une fausse route en se faisant vomir, et étouffer. Mais les fausses routes restent néanmoins assez rares. En revanche, ce qui est à craindre le plus souvent, c’est un manque de potassium ou un manque d’autres substances vitales expulsées avec les vomissements.
Lorsqu’on fait de la boulimie vomitive on a intérêt à se faire suivre par un médecin, en plus d’une psychothérapie, non pas pour essayer d’éradiquer la boulimie mais pour prendre des compléments alimentaires compensant les pertes liées au vomissement.
On voit aussi de temps en temps certaines personnes souffrant de boulimie chercher à maîtriser leur perte de poids et dépasser ce but au point de mettre leur vie en danger par leur maigreur. Elles ont l’allure des personnes qui font une anorexie pure et dure, c’est-à-dire pour qui le contrôle du poids est plus important que le besoin de se remplir.
Chez elles, la psychothérapie qui consiste à les aider à trouver un sentiment d’identité doit se faire après l’approche médicale, centrée principalement sur la nécessité pour elles dans un premier temps de trouver un équilibre alimentaire viable. Dans leur cas, l’approche médicale doit précéder l’approche psychologique. Ce serait contre-productif qu’elles se fassent simultanément, parce que lorsqu’on est obsédé par la nourriture, on n’est pas vraiment disponible pour une démarche de remise en question identitaire.
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Symptômes de la boulimie vomitive
Les symptômes de la boulimie vomitive sont donc le plus souvent un déséquilibre nutritionnel portant atteinte à la santé les personnes qui ont sont atteintes, une maigreur extrême dans certains cas, d’importantes fatigues, une tendance à déprimer dans les moments où l’on perd ses forces. Pour les symptômes psychologiques identitaires et relationnels, ce sont les mêmes que ceux observés chez les personnes qui font de la boulimie non vomitive.
Concrètement les symptômes de la boulimie vomitive ne sont pas les mêmes selon les personnes, et selon la manière dont elles vomissent. Un grand nombre n’ont pas de symptômes particuliers lorsque le vomissement se fait très discrètement en cinq minutes, tout de suite après manger. Dans ce cas on ne vomit pas tout, mais on en vomit suffisamment pour ne pas risquer l’obésité.
Mais pour les personnes dont les vomissements prennent beaucoup de temps, parce qu’elles font plusieurs « vidanges » en buvant beaucoup d’eau, plusieurs fois, à chaque vomissement, de grandes fatigues s’ensuivent ainsi que des symptômes liés à la dénutrition. En outre, elles signalent aussi des tremblements, des saignements, des pertes de cheveux, un mal de gorge également, de la soif, des blessures aux gencives. Certaines peuvent avoir des cernes, les parotides gonflées, des crises d’hypoglycémie.
En dehors de ces symptômes physiques de la boulimie vomitive, on peut également observer des symptômes psychologiques tels que la honte de n’avoir pas pu se retenir, la culpabilité, le sentiment d’être Lâche et faible. Mais contrairement à ce que la psychiatrie a toujours pensé jusqu’ici, les sentiments tels que la honte et la culpabilité ne sont pas seulement dûs à la boulimie et aux vomissements. Ils existaient déjà avant. Et c’est justement parce qu’ils existaient déjà avant que la personne a besoin d’une addiction pour s’apaiser.
Boulimie
Soigner la boulimie vomitive
Peut-on vraiment soigner la boulimie vomitive ? La médecine s’y emploie sans parvenir à la guérir. Mais dans certains cas il est très utile de la soigner ponctuellement lorsque la vie des gens est en danger.
On peut aussi considérer la boulimie autrement que comme une maladie. L’expérience montre que lorsque les personnes qui font une thérapie pour être délivrées de leur boulimie vomitive acquièrent un sentiment d’identité et une capacité à se sentir enfin elles-mêmes, bien dans leur peau parmi les autres, L’obsession de la nourriture disparaît ainsi que, avec le temps, les boulimies.
Pour être raccord avec la réalité de ce qui se passe mentalement pour les personnes qui veulent soigner la boulimie vomitive, on peut se rapprocher de la psychanalyse pour qui le symptôme n’est qu’un langage. Il a un sens. En l’occurrence, dans ce qui nous concerne ici, il sert à apaiser les tensions émotionnelles extrêmes. En même temps comme il a été dit, il peut être nécessaire de soigner un symptôme, Ici en l’occurrence la boulimie vomitive, lorsque celui-ci présente un danger vital pour la personne. Soigner le symptôme boulimie vomitive donc, oui quand la vie est immédiatement en danger. Et en même temps non, quand il n’y a pas d’urgence.
L’acte médical ne s’impose pas toujours. Encore une fois la seule manière de soigner la boulimie vomitive véritablement, et à long terme, c’est amener la personne à renforcer, voire compléter ses ressources psychologiques et relationnelles.
On peut être très mal dans sa peau, avoir des symptômes très graves sans être malade. Il arrive très souvent que des personnes se mettent en danger pour atténuer un déséquilibre psychologique trop difficile à supporter. Le comportement a parfois des raisons que la conscience n’approuve pas.
Dans le registre de la psychothérapie, il est bon de ne pas considérer les gens comme des malades, mais comme des personnes en désaccord avec elles mêmes.
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Thérapie individuelle et boulimie vomitive
La boulimie vomitive est tellement désagréable à vivre qu’on est prêt à entreprendre une thérapie individuelle pour s’en débarrasser. Et puis une seconde, parce que la première n’a pas marché. Et une troisième encore. Beaucoup de personnes cheminent de thérapie en thérapie sans réussir à trouver suffisamment de paix en elles-mêmes.
On voit parfois la boulimie s’arrêter grâce à une psychothérapie individuelle, qui permet de renforcer un petit peu la confiance en soi. Et la pratique des groupes de thérapie montre que renforcer la confiance en soi aide à la disparition de l’obsession de la nourriture disparaisse.
Mais renforcer la confiance en soi n’est pas suffisant. De même qu’il n’est pas suffisant pour aller bien de n’avoir plus de boulimie. La boulimie n’est qu’un des symptômes de l’hypersensibilité affective. Les autres symptômes, psychologiques ceux-là, sont un manque d’estime de soi, le sentiment de ne pas être aimable, de ne pas pouvoir construire une véritable l’intimité avec les gens.
Ainsi, la thérapie individuelle en cas de boulimie vomitive devra permettre à la personne de trouver… un sentiment d’estime de soi. Ce qui est beaucoup plus difficile en thérapie individuelle que dans un groupe. Dans un groupe on expérimente des rencontres fondées sur l’authenticité face à l’autre. Ces rencontres permettent de s’ouvrir à d’autres schémas de pensée que ceux qu’on avait jusqu’à présent. Face à une seule personne, le thérapeute, en séances individuelles on est très limité pour faire des expériences qui transforment profondément. Dans un groupe, au contraire, on a l’opportunité de rencontrer plusieurs personnes au fil du temps. Et la rencontre avec chacune de ces rencontres permet de se connecter de mieux en mieux avec soi-même.
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Thérapie de groupe et boulimie vomitive
À l’instar de la psychothérapie individuelle, la thérapie de groupe pour la boulimie vomitive est particulièrement indiquée, à condition de ne pas parler de la boulimie qui n’est que le symptôme cachant l’essentiel.
Comme on peut le remarquer dans les extraits vidéos de ce site, les échanges avec les autres permettent de voir chez les autres ce qui cloche en soi, mais aussi de ce qui est bien et beau chez soi. Il suffit de parler de tout et de rien, avec authenticité, et petit à petit on se rend compte de ses schémas de pensées dysfonctionnels, grâce à ses propres réactions émotionnelles, comme aussi grâce à celles des autres.
Petit à petit la boulimie vomitive cesse d’être aussi préoccupante, aussi obsédante. Avec le temps, on parvient à se découvrir des ressources qu’on ne soupçonnait pas en soi. On s’exerce à entrer en communication avec les autres avec authenticité, sans les blesser. On s’exerce à débusquer petit à petit toutes ses fausses croyances. On découvre qu’on se trompait sur telle personne. On découvre que telle autre ne nous agace plus. On découvre qu’on peut être aimable pour certains. Au fur et à mesure que se déroulent les groupes on finit par entrevoir des couleurs à la vie, que l’on ne voyait jusqu’ici qu’en noir et blanc. C’est suffisant pour être moins malheureux, moins angoissé. C’est suffisant pour ne plus avoir besoin d’une addiction pour vivre.
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Le cas de la boulimie non vomitive
Le plus difficile, dans le cas de la boulimie non vomitive, c’est la patience. Comment être patient quand on passe sa vie à faire des efforts pour se retenir de manger afin d’éviter de grossir. À faire du sport le matin avant d’aller au travail pour essayer de faire partir les kilos qui ont certainement dû s’amasser la veille. Comment être patient quand on est dans une période où on a grossi, où on déteste son corps, où on n’ose plus se montrer, où on a peur du regard des autres.
Très difficile de se détacher du poids de la peur de grossir pour tenter de s’ouvrir à soi-même et aux autres? L’expérience montre que le cas de la boulimie non vomitive est beaucoup plus difficile à aborder en psychothérapie que celui de la boulimie vomitive où généralement le temps n’est pas aussi compté.
Quand on est confronté au cas de la boulimie non vomitive il ne faut surtout pas faire l’erreur d’essayer de réguler le symptôme du comportement alimentaire. Plus on s’applique à réguler le comportement alimentaire et plus on est obsédé par la nourriture. Seule la psychothérapie, qui permet de faire un travail sur soi, peut solutionner le cas de la boulimie non vomitive. Or la psychothérapie est une démarche qui demande une ouverture d’esprit que peut difficilement à voir une personne qui est obsédée par son apparence et par le regard des autres qu’on ne peut imaginer que négatif.
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Symptômes de la boulimie non vomitive
Les symptômes de la boulimie non vomitive sont en général la prise de poids, un poids que l’on réussit à perdre souvent en très peu de temps. Dans ce site, on peut voir le témoignage vidéo d’une personne qui grossit régulièrement de 30 kilos en un mois. Elle fait des régimes le reste du temps pour les reperdre. Et sitôt le régime terminé elle les reprend aussitôt (documentaire « Boulimie et Thérapie » (le visionner en cliquant sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=zWAF6a4XW3Y&feature=youtu.be). Elle en est même à se demander si sa boulimie ne lui sert pas à faire des régimes comme si les régimes étaient nécessaires à son existence.
Mais le fait d’être obsédé par la nourriture à longueur de journée et de se retenir de manger épuise aussi beaucoup. Par la force des choses on est complètement replié sur soi-même. Et il n’est pas rare à la fin qu’on finisse par sombrer dans une dépression qui peut parfois être sérieuse au point de nécessiter les soins d’un service hospitalier.
En dehors de la prise de poids, les symptômes de la boulimie non vomitive sont surtout Les états dépressifs, une incapacité à se joindre aux autres, que ce soit en classe, à l’université ou au travail. Volets fermés rideaux tirés on ne souhaite que manger, dormir, rester allongé, regarder le plafond, si possible pour attendre le sommeil sans même avoir l’envie de lire ou de regarder la télé.
Quand les symptômes de la boulimie non vomitive touchent les adolescents, leurs parents sont désespérés. Quand les symptômes de la boulimie non vomitive touchent une personne adulte, ce sont les conjoints ou les enfants qui s’inquiètent. Mais heureusement, quand l’approche thérapeutique est adaptée à leur personnalité, les symptômes de la boulimie non vomitive disparaissent peu à peu de même que le trouble du comportement alimentaire, si préoccupant.
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Soigner la boulimie non vomitive
En réalité la boulimie vomitive comme la boulimie non vomitive n’est pas réellement une maladie, mais le symptôme de quelqu’un qui ne trouve pas ses propres repères. Dans la mesure où elle est encore plus vite pénible à vivre que la boulimie vomitive, et dans la mesure aussi où elle nécessite beaucoup de patience, la boulimie non vomitive est difficile à soigner, lorsque pour une question d’obésité, de diabète, de dépression il est indispensable de la soigner.
Et pourtant, dans la mesure où ce sont les personnes qui font de la boulimie non vomitive qui souffrent probablement le plus (puisqu’à l’enfer de l’addiction elles en ont aussi la punition immédiate, le poids), ce sont elles également qui sont le plus motivées pour entreprendre une psychothérapie. Alors comment les aider à surmonter leur impatience ? Comment les aider à surmonter leur déception, à chaque fois qu’elles ont avalé des tonnes de nourriture, à en avoir des maux de ventre, des nausées et l’immense tristesse d’avoir encore certainement pris du poids ?
Boulimie
Thérapie individuelle et boulimie non vomitive
L’approche de la thérapie individuelle de la boulimie non vomitive peut s’inspirer du travail du psychanalyste Ferenczi avec ses patients. Il appelait sa technique l’analyse mutuelle. Il s’était rendu compte qu’en disant ce que lui, analyste, ressentait de désagréable, la personne en analyse avançait plus rapidement. Sans aller jusque-là, le grand psychanalyste pédiatre Donald Winnicott faisait en sorte, lui aussi, d’exister en tant que personne « plein pot » face à ses patients. Tandis que l’une de ses patients schizoïdes avait pleuré pendant toute la séance, roulée en boule sur un divan, il s’était tu. Il a juste dit, à la fin de la séance : « Vous n’avez pas beaucoup tenu compte de moi aujourd’hui ». Il avait l’intuition que cette patiente avait besoin de savoir qu’elle n’était pas toute seule dans la pièce qu’ils étaient deux et que, probablement, dans la vie, elle se comportait peut-être toujours avec les gens comme si elle était seule. Les personnes qui font de la boulimie ne s’en rendent pas compte, mais elles ont tendance à « utiliser » l’autre sans vraiment accepter qu’il ait un univers différent, lorsque ce dernier ne leur convient pas.
Il se trouve que la psychanalyse entre Winnicott et cette patiente a très bien évolué. Margaret Little, cette patiente, en écrivant un article sur son analyse avec Winnicott, À noter que de tous les analystes qu’elle a eu, Winnicott est celui dont elle s’est sentie mieux comprise.
Margaret Little faisait des crises de boulimie avant d’aller chez Winnicott. Aujourd’hui, elle aurait sans doute parlé de son addiction à la nourriture. Mais ni elle ni Winnicott n’ont mentionné ses symptômes comportementaux, en dehors des symptômes relationnels qui surgissaient au cours de l’analyse.
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Thérapie de groupe et boulimie non vomitive
Pour qu’une psychothérapie de groupe marche avec une personne qui fait de la boulimie Il faut que le cadre propose des séances longues, fréquentes, avec, pour règle, l’authenticité. Quand Freud faisait ses psychanalyses il disait à ses patients de parler librement, sans filtres. Il appelait ça l’association libre. Il en va de même dans les groupes de psychothérapie avec les personnes qui font de la boulimie. On peut parler de tout, même de ce qui n’est pas intelligent où intéressant pour les autres. L’idée est que parler ne doit pas servir à meubler, ou à séduire les autres participants. En étant aussi sincère et spontané que possible, on laisse apparaître des croyances profondes ainsi que les émotions qui leur sont liées.
Dans la mesure où les gens ont souvent des croyances limitantes, l’association libre leur permet de voir émerger celles de leurs croyances qui sont dysfonctionnelles et contre-productives pour eux.
Le groupe a aussi un 2e avantage quand on fait de la boulimie. Il permet de s’affirmer, de s’entraîner à une communication authentique non-violente. Et puis, en dernier ressort, dans un groupe on peut facilement s’exercer à trouver les mots pour être à la fois authentique et non-violent ou non fuyant ou encore non « collant ». En général la boulimie part en premier mais l’apprentissage de ces comportements relationnels prends beaucoup plus de temps.
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Autres cas de boulimie
En dehors de la boulimie vomitive et de la boulimie non vomitive il y a aussi la boulimie hyperphagique qui consiste à ne pas faire de grosses crises mais à manger toute la journée. Ces comportements dysfonctionnels avec la nourriture sont tous plus ou moins différents, mais la nature profonde de ce qui provoque ces comportements est la même : il s’agit des troubles d’identité et des troubles relationnels.
Mais il y a en effet d’autres cas de boulimie si on ne s’attache pas à regarder uniquement le comportement avec la nourriture. Il y a des gens qui font une boulimie de travail, une boulimie de sexe, une boulimie de jeux, une boulimie de vidéo, une boulimie de télévision, une boulimie de haschisch ou une boulimie d’autres choses. On pourrait appeler l’alcoolisme une boulimie d’alcool et la toxicomanie une boulimie de drogue.
Pour la nourriture comme pour autre chose, lorsqu’une personne et totalement focalisée sur quelque chose, au point d’y penser toute la journée, d’être tendue quand cela n’a pas lieu, de trouver un apaisement dans son comportement chronophage et parfois dangereux, c’est de la boulimie. On peut sans doute parler de boulimie quand un comportement est obsessionnel et avide, qu’il prend la tête du matin au soir et qu’on en a besoin pour lâcher prise.
Mais que ce soit pour la nourriture ou pour autre chose, la boulimie signale un monde affectif immature. Un peu comme si la personne, bien qu’elle ait un corps d’adulte, ait les besoins affectifs et émotionnels d’un nourrisson. Elle peut être très brillante, au sommet de l’échelle sociale où artistique, avoir un quotient intellectuel au-dessus de la norme. Mais dans les faits, comme les bébés, elle a besoin qu’on l’aime tout de suite, qu’on lui marque de l’intérêt, qu’on existe totalement pour elle. Si on n’apprécie pas tout ce qu’elle dit, elle se fâche où elle pleure, tel le bébé qui explose en sanglots à la moindre petite contrariété. Les personnes qui souffrent de boulimie, que ce soit boulimie de nourriture ou d’autres choses, ont besoin de l’attention totale de l’autre pour se sentir bien, et pas n’importe quelle attention. Il leur faut de la douceur, de la compréhension, une l’acceptation inconditionnelle. Quand les personnes qui font de la boulimie ne reçoivent pas une telle attitude de la part des autres, elles se consolent avec leur addiction. Quelle que soit cette addiction, que ce soit de la boulimie alimentaire ou de la boulimie d’une autre nature, elle leur permet de fusionner totalement avec quelque chose qui leur est agréable, faute de pouvoir fusionner avec la « mère idéale » dont ces personnes rêvent depuis toujours et dont elles n’ont pas fait le deuil.
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La boulimie mentale
On appelle boulimie mentale une boulimie qui vient combler des manques affectifs, relationnels et identitaires. La boulimie mentale a une configuration psychologique très particulière. On engouffre de la nourriture pour ne pas se sentir vide, pour avoir des sensations fortes, pour pouvoir lâcher prise, pour se sentir connectée à son corps.
En revanche il existe des dysfonctionnements organiques qui stimulent le besoin de manger, même quand on n’a pas faim.
C’est le cas lorsque les crises de boulimie ne sont pas associées à des comportements compensatoires, tel que le vomissement, la prise de laxatifs, le sport à outrance et coetera…
Les gens qui font de l’hyperphagie boulimique ne manquent pas nécessairement tous de confiance en soi ni même d’estime de soi. Finalement ils ne souffrent pas beaucoup puisqu’ils ne sont pas en demande de psychothérapie.
Une personne qui fait de la boulimie est toujours mal dans sa peau, qu’elle soit obèse ou mince. Pour être exacte on pourrait même dire qu’elle n’est pas dans sa peau.
En revanche on rencontre des personnes obèses qui ne sont pas réellement gênées par leur poids. Ce sont des personnes qui n’ont pas de honte. Par exemple une personne boulimique obèse est en général en dépression. Dans une circonstance où elle est incommodée par son obésité, par exemple dans un avion dont la place serait trop petite, elle a honte, elle se dit que c’est de sa faute si elle est grosse et elle n’ose pas revendiquer une place qui lui serait nécessaire pour se sentir confortable. En revanche une personne obèse qui n’a pas de trouble de l’identité ou de troubles relationnels importants réclame une place dans l’avion qui lui permettrait de se sentir plus confortable, lorsque sa place ne l’est pas.
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Soigner la boulimie mentale
Dans la mesure où la boulimie est une addiction nécessaire pour surmonter une sensation de vide due à un trouble de l’identité, on peut considérer qu’elle n’est pas une maladie, mais une sorte de médicament symbolique apaisant. Sa structure psychologique et son histoire ne lui permettent pas de trouver dans la vie d’autres moyens d’apaisement. Probablement un deuil avec « une mère idéale » qui ne se serait pas fait. Dans ce cas, que la boulimie puisse parfois faire des dommages physiques, elle est en même temps réparatrice pour le mental. C’est la raison pour laquelle elle est nécessaire à la personne malgré ses inconvénients. C’est aussi la raison pour laquelle La boulimie ne se soigne pas en tant que symptôme.
D’ailleurs d’une manière générale, en psychanalyse, qu’il s’agisse de la boulimie ou pas, on ne parle pas de maladie mais de « symptôme », c’est à dire d’un langage inconscient qui ne peut pas se dire ouvertement, ou, plus exactement que la personne, le sujet, ne laisse pas dire ouvertement. Mais si la boulimie en elle-même ne se soigne pas, les dommages somatiques, eux, peuvent être soignés. C’est d’ailleurs ce que l’on fait dans les services hospitaliers quand une personne qui fait de la boulimie est beaucoup trop maigre à force de se faire vomir ou au contraire beaucoup trop grosse. On ne soigne pas là boulimie mais en revanche on peut soigner médicalement les dommages générés par la boulimie mentale.
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Thérapie individuelle et boulimie mentale
Dans la mesure où, pour la boulimie mentale, il faut une psychothérapie spécifique basée sur des apprentissages identitaires et relationnels, On peut considérer que l’approche psychothérapeutique est différente lorsqu’il s’agit d’une boulimie non mentale.
Une personne qui fait des boulimies non par compensation mais simplement par avidité ou pour des raisons organiques n’a pas nécessairement de trouble de l’identité ni de trouble relationnel. Elle fait partie de ces structures psychiques qui appartiennent à la névrose. en revanche, lorsqu’il s’agit de boulimie mentale, il est fort probable que la personne est une structure de personnalité dite « borderline ». Le mot borderline n’a pas le même sens en psychiatrie qu’en psychanalyse ou qu’en psychologie. Il n’est pas toujours associé à un comportement violent et asocial pour les psychanalystes. Selon eux une personne borderline est sujette aux conséquences d’un trouble de l’attachement dans la toute première enfance qui ne leur permet pas ensuite d’entrer en lien ajusté avec d’autres personnes. Sur le plan théorique cela change tout et oblige à avoir une approche psychothérapeutique différente. Face à la boulimie mentale, la thérapie individuelle devra aider la personne à trouver des ressources d’autonomie qu’elle n’a pas su trouver dans son premier âge.
Face à la boulimie qui n’est pas mentale, d’une personne qui est dans le registre de la névrose, la psychothérapie individuelle consistera à lui donner l’opportunité de mettre des mots sur ses pulsions refoulées. L’une et l’autre auront à travailler le registre relationnel dans la psychothérapie mais pas de la même façon. La personne qui fait de la boulimie non mentale travaille sur des conflits qu’elle a avec elle-même et qui se repèrent grâce à la relation à l’analyste. La personne qui fait de la boulimie mentale, elle, ne travaille pas sur les conflits Quelle perception a-t-elle de l’autre ? Que redoute-t-elle de lui ? Ou au contraire qu’attend elle lui ?
En psychothérapie individuelle, ce qui est travaillé avec une personne qui fait de la boulimie mentale doit se rapprocher avec le travail qu’on ferait avec un enfant qui n’a pas encore tous les codes pour vivre. Il ne s’agit pas pour le psy de faire du maternage mais il aura avantage à offrir une posture d’être humain plus qu’une posture de psy, afin qu’une relation plus réelle puisse s’installer (une relation avec des limites).
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Thérapie de groupe et boulimie mentale
Pour une personne qui a une boulimie mentale, le travail sur la relation à l’autre, qui permet enfin la relation à soi-même, est beaucoup plus facile à faire dans une approche en groupe, que dans une approche individuelle. L’important dans un groupe est de s’astreindre à l’authenticité et à un certain courage, il faut bien le dire. Il faut que la personne boulimique ose dire tout ce qu’elle ressent, même si elle a tendance à être plutôt réservée dans la vie relationnelle. En revanche il faut que la personne boulimique qui a tendance plutôt à se mettre trop en avant s’astreigne à ne parler que lorsqu’une émotion se manifeste.
L’une comme l’autre ne parlent pas de leur passé, ni de leur relation avec la nourriture, mais tente d’aller à la rencontre des autres du groupe pour voir ce qui relationnellement leur convient ou ne leur convient pas. Comme le reconnaissent aujourd’hui les psychothérapeutes et les philosophes contemporains, pour réussir à se sentir bien dans sa peau il est nécessaire de se sentir bien parmi les autres. L’autre est en quelque sorte une partie de soi-même même si c’est une partie différente. On ne peut se dissocier de lui. Or les personnes qui font de la boulimie mentale ont tendance à être repliée sur elle-même et enfermée dans leur propre univers. Il leur manque une véritable relation à l’autre, de vraies rencontres, des rencontres avec d’autres univers que les leurs ; des rencontres qu’elles ne sont pas capables de faire. Tout simplement parce que, lorsque les personnes qui ont une boulimie mentale sont confrontées avec des personnes qui ne voient pas les choses comme elles, elles se fâchent, fuient où se soumettent.
Boulimie
La boulimie nocturne
Certaines personnes ne font pas du tout de boulimie dans la journée, mais elles sont confrontées à de la boulimie nocturne. Elles se surprennent à se bâfrer la nuit. C’est le cas d’une de patiente qui, dans la journée, avait une très bonne hygiène alimentaire sans se priver de quoi que ce soit et par contre, la nuit elle avalait une énorme quantité d’aliments jusqu’à se rendre malade. À la fin de la crise elle ressentait un très fort sentiment de culpabilité. Pour ne pas grossir, elle finissait par se faire vomir. Cela l’inquiétait de se rendre compte qu’elle pouvait se préparer à manger, par exemple se faire des frites, à moitié endormie.
Une autre jeune femme qui faisait de la boulimie nocturne pensait que c’était peut-être le diabète qui lui procurait cela. Elle disait que son taux de sucre diminuait beaucoup la nuit et qu’elle avait besoin d’aller manger alors qu’elle était à moitié endormie.
Dans mes 35 années de pratique, il m’est arrivé plusieurs fois de rencontrer des personnes qui me disaient qu’elles faisaient de la boulimie nocturne.
Mais quand on est psychologue ou psychanalyste, on ne s’intéresse pas beaucoup au moment où les personnes sont sujettes à leurs crises de boulimie. On ne s’intéresse pas aux symptômes en eux-mêmes ni à la forme qu’ils prennent. Pour la boulimie nocturne comme pour les autres boulimies vomitives, non vomitives ou hyperphagiques, on considère que s’il y a un symptôme envahissant, il y a probablement un problème d’identité et un problème relationnel affectif.
Idéalement, quelle que soit la forme de la boulimie, nocturne ou pas, les psychanalystes spécialisés dans l’addiction ne donnent pas trop de place aux inconvénients créés par le symptôme ni à tous les bobos du passé.
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Soigner la boulimie nocturne
Que la boulimie soit nocturne ou non, s’il y a quelque chose à soigner, qu’est-ce qu’il faut soigner ? Mais la boulimie nocturne ne se soigne pas. Pas plus que les autres boulimies. C’est la personne qu’on soigne. Encore que le mot soigner ne soit pas approprié, dans la mesure où une personne qui fait de la boulimie nocturne ou diurne n’est pas une personne malade : c’est une personne qui n’a pas trouvé ses propres repères identitaires et relationnels affectifs.
Ce qui est à soigner, c’est la relation à son environnement et la relation à elle-même.
Bien sûr quand on fait de la boulimie nocturne on se sent dépassé par son propre comportement qui semble plus fort que la volonté. En même temps, on se sent également dépassé quand on fait de la boulimie en pleine journée. Dans l’une comme dans l’autre il est important de voir avec un médecin s’il n’y a pas une cause organique (du diabète par exemple). Et s’il n’y a pas de cause organique, il s’agit d’un problème identitaire et relationnel affectif. Auquel cas la psychothérapie aujourd’hui, quand elle est adaptée à cette problématique, peut permettre de sortir définitivement de l’addiction.
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Thérapie individuelle et boulimie nocturne
La boulimie nocturne, quand elle n’est pas due à une cause organique se traite difficilement en thérapie individuelle. Comme il s’agit d’une addiction sévère, idéalement une psychothérapie de groupe est plus appropriée. Elle permet de travailler les troubles de la personnalité, les troubles relationnels et d’acquérir enfin de l’estime de soi. Difficile de faire ce travail en thérapie individuelle dans la mesure où il faudrait travailler la relation au psychothérapeute, ce que les personnes qui sont atteintes de boulimie ont tendance à éluder. Elles osent rarement dire au psy ce qui leur déplaît. En psychothérapie elles sont, comme dans la vie, soit trop en retrait, soit dans un besoin fusionnel de se faire materner.
Dans un groupe qui est centré sur le trouble de l’identité et sur le relationnel affectif, c’est différent. On n’y parle ni de la boulimie nocturne, ni des vomissements, ni de l’hyperphagie, ni de tout ce que ces symptômes créent comme inconvénients dans la vie quotidienne. On est confronté à l’autre (qui n’est pas neutre ou simplement « soignant » comme le sont les psychothérapeutes en général). En se confrontant aux autres du groupe, on se confronte également à soi-même parce qu’on prend conscience assez vite de ces fausses croyances et de ces fausses interprétations.
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Thérapie de groupe et boulimie nocturne
Dans un groupe, un matin, une jeune femme prend la parole spontanément : « Je ne sais pas ce que je fais ici, dans ce groupe. Je ne sais pas pourquoi j’ai besoin de travailler sur moi. Tout va bien dans ma vie, tout ! Ma vie de couple est formidable, j’ai rencontré l’homme que j’aimais. Nous sommes très amoureux l’un de l’autre. Ma vie professionnelle est extraordinaire. J’exerce le métier que j’ai choisi. Mon entreprise est très satisfaite de moi. Avant d’être mariée j’étais dans une famille formidable. J’adore mes parents je me suis toujours bien entendue avec eux. Et ça continue aujourd’hui. La seule chose qui ne va pas dans ma vie c’est ma boulimie nocturne. Je ne comprends vraiment pas pourquoi je fais de la boulimie nocturne. Dans la journée je ne pense pas du tout à la nourriture ». C’est moi qui animais le groupe ce jour-là. Je lui dis que si elle fait de la boulimie nocturne c’est que probablement il y a quelque chose en elle qui lui pose problème sans qu’elle le sache. Mon choix est de ne pas avoir recours au passé des participants mais de me concentrer sur le présent point je ne lui parle donc plus de la boulimie nocturne, et, ne sachant très bien quoi lui dire dans l’immédiat face à son interrogation, je lui demande de choisir trois personnes.
Elle est surprise par ma demande il me dit qu’elle ne sait pas comment choisir puisqu’elle ne connaît personne du groupe. Je lui réponds que cela n’a pas d’importance. Sur son ordinateur (nous sommes en visioconférence en groupe) elle voit plein de visages. Certains l’inspirent peut-être. Agréablement ou désagréablement. D’autres lui font un effet différent. Je lui propose de dire comme ça vient ce qu’elle ressent des 3 personnes qu’elle aura choisies. Comme les prénoms sont affichés sur la grille elle choisit trois personnes en nomment leur prénom. Je lui demande de me dire ce qu’elle ressent à propos de la première personne qu’elle a nommée. « Émilie a l’air très douce. Quand je la regarde je me sens en sécurité. Elle est très belle aussi ». À propos de la deuxième personne qu’elle a choisie elle me dit qu’elle aussi a l’air très sereine, qu’elle aime son sourire. Enfin, pour la 3e elle fait un commentaire à peu près similaire. Elle aime son calme.
Je lui demande si la douceur est quelque chose de très important pour elle. Elle me répond que c’est fondamental. « Je ne peux m’entourer que de gens doux. j’ai très peur des conflits nous dit elle ». Je lui demande ce qui lui fait peur dans les conflits. Elle me dit qu’elle se sont désarmée par eux, angoissée. « Les conflits me terrorisent. Je fais tout pour les éviter. » Je lui demande ce qu’elle redoute dans les conflits. Elle me répond qu’elle ne sait pas vraiment mais qu’elle a peur d’être engloutie. « Quand je risque d’être prise dans un conflit, je rentre dans ma coquille ou alors je fuis. ». Je lui demande si elle se sent trop fragile pour faire face. Elle sourit timidement et répond : « probablement ». Je lui dis que c’est peut-être à cause de cette fragilité-là qu’elle fait de la boulimie nocturne. La boulimie nocturne vient peut-être apaiser une de ses fragilités qui se réveille la nuit et sur laquelle nous pouvons travailler nous en groupe. Avec des jeux de rôle Nous pourrons simuler des conflits auquel elle aura à faire face.
Ni elle ni moi ne savons pourquoi elle a des boulimie nocturnes mais dans les échanges avec les autres, au fil du temps, elle sera confrontée à certaines de ses fragilités qu’elle aura l’occasion le surmonter par des exercices relationnels en groupe. Lorsque sa peur des conflits disparaîtra il est possible que sa boulimie nocturne disparaisse elle aussi.
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Boulimie et anorexie
Ce sujet est le thème du site : https://boulimie-anorexie.live
La boulimie est une pression constante qui oblige à manger pour s’apaiser. L’anorexie est un refus total de manger comme si manger était perdre le contrôle. Pour l’anorexique, ce n’est pas manger qui apaise, mais le contrôle.
Généralement le traitement aujourd’hui s’applique à réguler le symptôme en espérant que le problème disparaisse. Mais si le symptôme est là pour apaiser un chaos psychologique interne, lorsqu’on essaie de supprimer le comportement alimentaire dysfonctionnel, on supprime en même temps la ressource d’apaisement qui se réalise avec la nourriture.
La boulimie, tout comme l’anorexie et tout comme l’hyperphagie boulimique sont à classer dans les addictions dures qui ne peuvent disparaître qu’avec un travail approfondi sur la personnalité de celles et ceux qui font de la boulimie ou de l’anorexie ou même parfois les deux en même temps, la boulimie et l’anorexie.
Le cadre psychothérapeutique du groupe est un cadre idéal pour se confronter à soi-même, grâce à la confrontation aux autres. Seule la rencontre de ce qui n’est pas soi permet d’accéder à soi, comme l’explique le philosophe Charles Pépin dans son livre « La Rencontre ». On ne peut se rencontrer soi qu’après avoir rencontré ce qui n’est pas soi écrit-il.
L’expérience clinique avec des personnes qui font de la boulimie, de l’anorexie ou de l’hyperphagie sévères montre qu’en effet, au fur et à mesure qu’elles s’affirment face aux autres, tout en faisant l’effort de les accepter tels qu’ils sont, sans les juger, permet d’acquérir une force jubilatoire qui relègue rapidement la boulimie et l’anorexie au second plan… pour les voir disparaître un jour tout à fait.
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Quelles sont les différences entre boulimie et anorexie ?
Bien sûr sur le plan comportemental concernant l’alimentation, il y a beaucoup de différences entre la boulimie et l’anorexie, parce que la boulimie consiste à ne pas pouvoir se retenir de bâfrer, tandis que l’anorexie, au contraire, trouve une certaine force dans le besoin de ne pas manger pour exercer, au travers de la nourriture, un contrôle sur leur existence.
Mais si on ne regarde que les caractéristiques comportementales de ces deux addictions à la fois si semblables et en même temps si opposées, il y a beaucoup de similitudes. Certaines personnes, parmi celles qui font de la boulimie, se rêveraient très minces voire maigres. La minceur compte énormément pour elles au de haïr leur corps, même quand il n’a pris que deux ou trois kilos. On a aussi tendance à appeler aujourd’hui les boulimiques vomitives des anorexiques boulimiques. Boulimiques parce qu’elles font de la boulimie, anorexiques parce que qu’elles passent de longues et fréquentes périodes à ne rien manger pour perdre des kilos trop vite amassés. La médecine hospitalière a longtemps diagnostiqué la boulimie vomitive comme étant une forme d’anorexie, surtout lorsque les anorexiques boulimiques deviennent très maigres, tant elles se font vomir souvent. Dans ce cas, elles ont d’ailleurs besoin de la même prise en charge hospitalière que les anorexiques : si elles ne prennent pas du poids rapidement certaines peuvent mourir de dénutrition.
Mais d’un point de vue psychologique, il est probable que les personnes qui font de la boulimie aient une structure mentale différente de celles qui font de l’anorexie, même si elles la boulimie survient souvent après une phase d’anorexie à l’adolescence.
Je connais beaucoup plus de personnes qui m’ont consultée parce qu’elles faisaient de la boulimie ou de l’anorexie boulimie, mais je n’ai pas connu beaucoup de personnes anorexiques pures et dures. Néanmoins, j’ai souvent remarqué que les personnes qui font de la boulimie sourient plus souvent que les anorexiques. Les personnes qui font de la boulimie ont également beaucoup plus de jugement négatif sur leur personne, tandis que celles qui font de l’anorexie pure et dure semblent moins sévères avec elles-mêmes. Il se peut que malgré les similitudes, les unes comme les autres aient des structures mentales assez différentes.
Selon La psychanalyste pédopsychiatre Caroline Eliacheff en tout cas il semble y avoir une différence les unes et les autres et elle situe cette différence non pas dans le poids ni dans la manière de manger, mais dans le discours.
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Comment soigner l’anorexie ?
En général l’anorexie commence à l’adolescence, sans doute parce que c’est la période de leur vie où les personnes ressentent la nécessité de s’affirmer en tant que personnes autonomes.
Il arrive que les parents soient très inquiets de voir leur enfant mettre sa vie en danger. Lorsque le poids descend trop bas, ils sont contraints d’imposer l’hospitalisation sans tenir compte du refus de leur enfant qui ne veut surtout pas se mettre à manger et qui souhaite continuer à se contrôler.
L’hospitalisation n’est pas une partie de plaisir, mais en revanche, elle permet aux personnes qui font de l’anorexie de rester en vie. Il arrive que l’anorexie ne soit qu’un passage dans leur vie, mais très souvent les jeunes gens, après une hospitalisation, se mettent à faire de la boulimie. Quand ce n’est pas le cas, si l’anorexie persiste tout au long des années suivantes, il est possible que plusieurs séjours en hospitalisation soient nécessaires.
Si par chance les personnes qui continuent à faire de l’anorexie sont en demande de psychothérapie, elles ont toutes les chances de voir leur anorexie disparaître au fil des séances de groupe lorsque la psychothérapie est en groupe. L’anorexie est une addiction sévère qui, comme toutes les addictions sévères, se résout mieux dans une approche psychothérapeutique en groupe qu’en individuel, même si le groupe a tendance à faire plus peur que l’individuel. Mais force est de constater que les personnes qui font de l’anorexie n’ont pas très envie d’entrer en psychothérapie. Quand elles le font c’est pour satisfaire la demande de leurs parents ou d’un(e) conjoint(e).
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La thérapie individuelle lorsqu’on est anorexique
Lorsqu’on est anorexique, et plus précisément lorsqu’on est atteint d’une anorexie pure et dure, contrairement à la boulimie, ou même à l’anorexie boulimie, on est en général hostile à faire une thérapie individuelle contre l’anorexie, parce que ce qu’on ressent le besoin vital de contrôler son poids et d’être le plus maigre possible. La maigreur n’effraie pas les personnes anorexiques. Aussi ont elles en horreur toute thérapie qui pourrait avoir comme effet de les amener à changer leur silhouette maigre en modifiant leur comportement alimentaire.
En général elles acceptent de faire un traitement à l’hôpital quand leur vie est en danger pour ne plus voir leurs proches souffrir. Et c’est à cette occasion seulement, dans le cadre d’un hôpital ou d’une clinique, qu’elles auront des séances de psychothérapie individuelle en plus du traitement médical.
Mais pour l’anorexie comme pour la boulimie, la psychothérapie individuelle ne donne pas des résultats fulgurants. Il arrive que l’anorexie ou la boulimie en tant que trouble du comportement alimentaire s’arrête progressivement, ce qui présente une grande victoire et rend la vie bien moins compliquée. Mais la boulimie ou l’anorexie ne sont pas les seuls symptômes des personnes qui ont besoin, pour ne pas déprimer, d’une addiction pour vivre.
Quand la boulimie s’arrête, où l’anorexie, Il reste chez ces personnes un trouble de l’identité et des difficultés dans le relationnel affectif qui font que, même sans une addiction alimentaire, elles ne sont toujours pas bien dans leur peau. C’est souvent à ce moment-là qu’elles entreprennent une thérapie de groupe centré sur le problème d’identité. Elles se rendent bien compte que même sans la boulimie ou l’anorexie, elles ne sont toujours pas bien dans leur peau, voire même pas du tout dans leur peau et elles entreprennent un travail sur leur identité et leurs difficultés relationnelles, en groupe.
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La thérapie de groupe lorsqu’on est anorexique
Il m’arrive souvent de recevoir dans les groupes des personnes anorexiques boulimiques très minces, voir maigres. Mon travail n’étant pas celui d’un médecin ni d’un diététicien, je leur explique qu’elles vont faire un travail sur leur identité et sur leur relationnel affectif, mais que les sujets de la boulimie ou de l’anorexie ne seront pas abordés, ni tout ce que leur addiction alimentaire crée comme problèmes dans leur vie de tous les jours (le sentiment de solitude, d’être une victime…).
En tant que psychologue, je m’appuie beaucoup sur la psychanalyse et je pense sincèrement qu’il est préférable de laisser les symptômes de côté. Je fais l’hypothèse, et en général c’est ce qui arrive, qu’en travaillant sur leur identité face aux autres avec authenticité, en apprenant à être soi-même, sans être agressif, sans fuir ou sans se soumettre, un tel travail sur soi parmi les autres permet d’acquérir dans un premier temps de la confiance en soi mais surtout de l’estime de soi. Or, l’expérience psychothérapeutique montre que l’estime de soi permet de se sentir enfin dans sa peau et bien parmi les autres. C’est suffisant pour que tous les symptômes psychosomatiques disparaissent, et parmi eux, la boulimie et l’anorexie boulimie.
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Boulimie et hyperphagie
L’hyperphagie n’est pas toujours boulimique. il y a des gens qui apprécient de manger souvent et en grande quantité par plaisir et avec gourmandise sans que ce soit de la boulimie. La nourriture leur procure un sentiment de délice et de bien-être auquel ils tiennent et ne renonceraient à leurs habitudes alimentaires pour rien au monde. Bien sûr ils préféreraient ne pas grossir, mais si grossir est le prix à payer, ils en sont contrariés, certes, mais pas malheureux. Une belle façon d’être permet de voir qu’il ne s’agit pas de boulimie
Quand l’hyperphagie est boulimique, les gens se cachent pour manger, ils ont honte. Leur personnalité est tantôt violente tantôt soumise. Ils sont incapables d’avoir des rapports authentiques dans leur vie relationnelle affective. Ils ont très peur d’être rejeté par les autres, ils font tout pour qu’on les aime, ils affichent souvent une bonne humeur apparente. D’ailleurs dans leur vie professionnelle tout peut aller très bien, mais au fond d’eux-mêmes, ils sont perdus, malheureux et utilisent la nourriture en excès, souvent sans gourmandise, juste pour ne plus être à vif et se sentir apaisé.
Ce qui différencie aussi la boulimie de l’hyperphagie, c’est que les gens qui font de l’hyperphagie ne mangent pas n’importe quoi, tandis que les personnes qui font de la boulimie, quand elles éprouvent un besoin de manger fulgurant, peuvent se jeter sur n’importe quoi. J’ai connu des personnes qui, n’ayant pas assez d’argent pour s’acheter de la nourriture, en volaient dans les magasins. J’ai connu des infirmières qui finissaient l’assiette des malades ou leur volaient les chocolats que leurs proches leur apportaient. J’ai même connu une jeune femme qui mangeait des croquettes pour chiens.
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Quelles sont les différences entre boulimie et hyperphagie ?
Quand l’hyperphagie est une addiction, qu’elle emprisonne, qu’on ne fait rien d’autre, en dehors de son travail, que manger et dormir, quand on ne se sent pas vraiment disponible pour ses proches, quand, rentré chez soi, la journée de travail terminée, on ne sait pas quoi faire de sa peau à part manger et éventuellement regarder la télévision, alors il s’agit de boulimie hyperphagique. Mais quand on n’a pas honte de manger, quand on parvient à avoir avec les gens des rapports vraiment authentiques, chaleureux, bienveillants, joyeux, alors il ne s’agit pas de boulimie hyperphagique mais d’une hyperphagie liée à tout autre chose qu’un trouble de la personnalité. L’hyperphagie peut être un banal symptôme névrotique, c’est à dire que l’on reporte indirectement un plaisir sexuel sur la nourriture.
Ce n’est pas parce qu’on mange beaucoup et qu’on grossit énormément qu’on fait nécessairement de la boulimie. Pour faire de la boulimie il faut avoir une personnalité écorchée, très angoissée, il faut se sentir vide et désespéré. Mais ce n’est pas toujours facile, même pour un médecin, de différencier une personne hyperphagique d’une personne qui fait de la boulimie hyperphagique. Les boulimiques peuvent être très malheureux et afficher un tempérament joyeux et extraverti. Pour avoir accès à leur intimité Il faut parfois fouiller très profond. Les apparences sont souvent sauves. seule la personne concernée sait si elle est hyperphagie seulement ou si elle fait de la boulimie hyperphagique.
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Comment soigner l’hyperphagie ?
Quand il s’agit d’une hyperphagie simple, qui est due à un vrai plaisir de manger tout le temps, quand la personne se sent par ailleurs bien dans sa peau, quand elle n’est pas en demande d’être soignée pour son hyperphagie, quand elle ne souffre pas d’un symptôme somatique, il n’y a rien à soigner chez elle. Elle se sent bien dans sa peau, la nourriture à pour elle une place très importante à laquelle elle ne veut pas renoncer, il n’y a rien à soigner chez elle, sauf quand elle souffre de symptômes somatiques associés à son hyperphagie. Si un jour sa vie est en danger et si elle est obligée de se passer de nourriture pour rester en vie, elle y parviendra sans trop de difficulté dans la mesure où il ne s’agit pas de la boulimie hyperphagique.
Mais quand il s’agit de boulimie hyperphagique c’est une tout autre histoire. Se baffrer est vital, aussi vital que l’est le sein ou le biberon pour un nourrisson. L’angoisse est trop forte quand on arrête de manger. On se sent, sans la boulimie, sans ressources, perdu au milieu de nulle part et on peut basculer facilement dans la dépression. Or, quand c’est de la boulimie hyperphagique, quand on se sent mourir à petit feu, on finit par demander de l’aide. Et les résultats sont souvent plus que satisfaisants parce que la personne est motivée à se sortir de son enfer. Dans les groupes de thérapies, les témoignages de ce site le montrent, lorsque la personne commence à se sentir bien parmi les autres, lorsqu’elle finit par acquérir de l’estime de soi, ses kilos ne l’empêchent plus de vivre mais surtout elle n’est plus obsédée par la nourriture de la même façon qu’avant et trouve la force de reperdre tous les kilos amassés.
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La thérapie individuelle lorsqu’on est hyperphagique
Lorsqu’on est hyperphagique, on ne peut faire une thérapie individuelle que si l’on souffre. Or l’hyperphagie ne fait pas à proprement parler souffrir. Les conséquences de l’hyperphagie (les kilos, les problèmes somatiques secondaires) sont certainement encombrantes et les personnes hyperphagiques, quand ce n’est pas de la boulimie hyperphagique, n’entreprennent pas de psychothérapie individuelle pour leur hyperphagie. Elles s’adresse à des médecins pour traiter les conséquences physiologiques de leur hyperphagie. Par période elles font des régimes, des jeûnes.
Mais lorsqu’on fait de la boulimie hyperphagique on est souvent amené à chercher de l’aide dans thérapie individuelle ou auprès d’un psychanalyste. La thérapie individuelle où la psychanalyse permettent de se sentir moins seul et de se centrer sur soi autrement qu’en mangeant. Parmi les gens qui ont fait une (ou plusieurs) thérapie individuelle certains disent que ça leur a permis d’avancer, qu’ils sont contents de l’avoir faite, mais qu’elle n’a pas résolu leurs énormes angoisses quotidiennes, leur sentiment de ne pas se sentir exister vraiment, de regarder passer leur vie sans être vraiment dedans. Si après une thérapie individuelle ils s’impliquent dans un travail sur leur identité en groupe, Ils peuvent enfin voir leur angoisse diminuer considérablement, ils ne se sentent plus à côté de leur vie dans leur vie, surtout ils se sentent à l’aise dans leur vie relationnelle et n’ont plus peur du regard des autres.
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La thérapie de groupe lorsqu’on est hyperphagique
Dans les groupes la plupart des gens sont minces, même lorsqu’ils font de la boulimie hyperphagique. C’est toujours surprenant de constater qu’ils sont minces en mangeant autant et sans se faire vomir. Mais pour cela ils sont dans une lutte permanente pour ne pas prendre trop de poids. Pour que la boulimie ne se voit pas, leurs efforts sont héroïques. Ils sont capables de se lever tous les jours à 5h du matin pour courir longtemps avant d’aller travailler. Ils sont capables, régulièrement de faire des jeûnes drastiques. Ils sont en permanence sur les nerfs et ont hâte de voir leur boulimie les lâcher. Heureusement ils y parviennent avec un travail en groupe sur leur identité.
Mais les personnes qui ne font pas de la boulimie hyperphagique et pour qui la nourriture est une source de plaisir, La thérapie de groupe peut ne pas donner les résultats attendus parce qu’ils sont prêts à perdre du poids mais pas à se remettre en question. Le plaisir de manger est trop grand, trop essentiel dans leur vie pour qu’ils aient envie de renoncer à leur hyperphagie.
À ces personnes-là, le groupe leur apportera des ressources très utiles mais ne leur fera pas abandonner leur hyperphagie qui est parfois leur seule vraie source de plaisir.
3/ Des vécus différents mais une même « faille » psychologique
Que l’on se fasse vomir ou pas, c’est un enfer. On n’imagine pas la souffrance de ces personnes, car elles ont souvent une apparence très lisse et un parcours brillant.