Soigner l’addiction
Mon addiction c’était pour me sentir vivant
La plupart des traitements pour soigner l’addiction soignent en réalité les symptômes d’un problème psychologique.
Bien que chaque personne soit unique, on peut observer que celles qui ont une addiction alimentaire sévère partagent parfois avec d’autres le sentiment de ne pas se sentir tout à fait vivant. L’addiction est pour eux une sorte de béquille qui leur permet de s’accrocher à la vie.
L’addiction c’était pour se sentir vivant : Voici le texte de son témoignage :
« Il y a quelques années, une journaliste d’une grande chaîne de télévision voulait faire un reportage sur la boulimie anorexie pour le journal de cette chaîne. Elle m’avait demandé si j’accepterais qu’elle vienne filmer les gens, et les interviewer. Je lui ai dit oui, à condition que, pour une fois, on ne montre pas le côté trash de l’histoire, c’est-à-dire, les gens qui mangent énormément, qui se font vomir, ou alors qui mangent toute la journée sans faire de grosses crise. Enfin, ne pas montrer le décor, mais montrer l’envers du décor, à savoir : le problème d’identité qui était sous-jacent.
– Journaliste : Dans le déni depuis l’adolescence, pour eux c’était juste un problème alimentaire. Et puis un jour, les spécialistes leur expliquent que c’est la conséquence d’un trouble de l’identité.
– Témoin A : je n’avais absolument pas fait le rapprochement que c’était mes problèmes sociaux qui ont engendré les crises de boulimie, alors que la maladie c’est une maladie émotionnelle. Ce n’est pas le problème de manger en fait ».
– Témoin B : Parce que je me sentais absent, la faite de me gaver et de me vider, je sentais dans mon corps que quelque chose bougeait, donc j’étais présent.
– Journaliste : ici dans cette thérapie de groupe, on apprend à être soi-même face aux autres.
– Catherine : On apprend à être soi-même ; on n’a pas besoin de revenir sur son passé. On va partir de nos émotions authentiques.
– Témoin C : je suis venue, terrorisée par le monde extérieur. Quand je suis arrivée, je me suis dit je ne pourrai jamais m’exprimer, jamais ne faire une phrase avec sujet verbe et complément. Que c’était au-dessus de mes forces. Puis voilà, c’est arrivé. Un jour j’ai pu m’exprimer, j’allais mieux et je n’étais plus boulimique.
– Journaliste : qu’est ce qui a changé pour vous ?
– Témoin D : c’est toute ma vie qui a basculé. C’est toute ma vision du monde qui a changé. J’avais une vision qui était complètement erronée. Qui n’était pas bonne. J’interprétais tout ce qu’on me disait, tout était mauvais, et moi j’avais envie d’être très méchante, avec tout le monde. Et puis un jour, je me suis réveillée c’était moi le problème. J’ai compris que j’avais à travailler tout ça, comme un basculement à 360 degrés.
– Journaliste : Qu’est-ce que vous avez envie de dire aux gens qui ont un problème addictif, pas forcément lié à la nourriture, d’ailleurs ?
– Témoin D : Je pense qu’on est tous un peu pareil. Même si la bouffe, la clope, l’alcool… on a tous un socle commun dans l’addiction, c’est un gros mal-être. On cherche tous quelque chose, on cherche tous à être aimés. En fait, on peut aimer la vie autrement que par la drogue enfin voilà on peut faire d’autres choses que ça, que des plaisirs futiles qui nous aident sur le moment. Il y a d’autres choses pour aider, il y a plein d’autres choses.
– Journaliste : la thérapie est finie ou elle est en cours ?
– Témoin D : j’ai dû la finir il y a 1 an. Mais toute ma vie, je vais continuer à bosser, ça n’est pas fini.
– Journaliste : est-ce que ça n’a pas changé votre personnalité ?
– Témoin D : Non, je suis toujours la même. Par contre, mes proches, ceux qui me connaissent bien, ils ont vu le changement. Je suis passée de quelqu’un de très colérique à quelqu’un d’à peu près normal. Ce qui peut même parfois déstabiliser j
– Journaliste : Vous n’avez gardé que le meilleur ?
– Témoin D : oui, j’ai gardé surtout ma spontanéité, que j’avais peur de perdre pendant la thérapie mais que j’ai façonné sans que ça gène tout le monde.
– Témoin E : Face à un psychologue, c’est assez facile. Mais là, face au groupe, on travaille sur qui on est. On travaille la posture, le rythme, le regard, le ton de la voix, la spontanéité, l’authenticité… tout ce qui passe au travers de notre corps et dans notre discours, qui est inconscient et qui est totalement perçu par l’autre.
– Témoin F : c’est pour la première fois de ma vie où je m’aime vraiment. Après avoir connu des années des années où je me suis haïe tellement fort, que je ne supportais pas mon reflet dans le miroir, que c’était la maladie mentale. Je ne savais pas d’où ça venait ni comment, mais c’est parti. C’est le groupe qui qui m’a appris ça.
– Témoin E : Je me sens plus ancrée, plus présente.
– Journaliste : Dans votre comportement qu’est ce qui est plus authentique ?
– Témoin E : l’écoute. Avant, j’étais tout le temps dans mon métier de psychologue. C’était toujours un peu compliqué pour mes amis, parce qu’ils me voyaient comme la psychologue, tout le temps. Maintenant, une fois que je sors du bureau je peux être moi, sans toujours être dans l’intellectualisation. C’est un cadeau qu’on se fait, peu importe si on est une personnalité addictive.
– Journaliste : aider les personnalités addictives c’est plus un travail que vous faites maintenant ?
– Témoin E : ce que j’apprends ici, je le transmets tous les jours, à n’importe lequel de mes patients, mes parents, la famille. C’est des principes de vie au-delà de travailler, de se comprendre, de communiquer entre membres de la famille, chacun peut en bénéficier, tous les outils acquis servent à tout le monde.
– Journaliste : vous, vous n’étiez pas authentique ?
– Michel : paradoxalement dans la communication professionnelle, avec de fortes personnalités, je n’avais aucun problème pour communiquer. Mais je me retrouvais des fois en situation, dans ma vie personnelle, à être complètement dépourvue de mots, devant une femme, avec mes amis, je faisais semblant. J’avais la voix qui tremblait, j’étais toujours dans le faux-self, en représentation. D’avoir suivi cette thérapie de groupe, la situation est spécialement envie de drôle ça m’a énormément apporté.
– Journaliste : vous avez quand même une addiction, l’ obsession de plaire aux femmes.
– Michel : surtout la peur d’un pas être aimé.
– Journaliste : que dites-vous aux gens ? de venir, de pousser la porte des groupes ?
– Michel : personnellement je pense que le groupe permet de rééduquer, de faire un travail de l’intérieur.
– Témoin E : La thérapie intensif sur deux jours, de 8h à 20h, ça permet de travailler sur des processus intensifs, qu’on n’a jamais le temps de travailler en une heure, en thérapie individuelle.
– Journaliste : c’est le côté émotionnel qui est travaillé ici ?
– Témoin E : complètement. Ici, on travaille sur qui on est. Quand on parlait de communication tout à l’heure, elle n’est pas que verbale. C’est pour 90% ce qui se passe au travers du non verbal, par la posture, l’apparence, le regard, le temps de la voix, la spontanéité, et tout ce qui passe au travers de notre corps. Par notre discours inconscient, qui est totalement perçu par l’autre.
– Catherine : quand nous avons créé boulimie.fr, en 2003, mes collaborateurs et moi-même avions à cœur de montrer que derrière une addiction sévère ce cache une personnalité atypique. Vous trouverez dans ce site, une foule d’articles qui vous expliqueront toutes les problématiques que vous pouvez rencontrer en tant que personnalités atypique. Ce n’est pas grave d’avoir une personnalité atypique, on peut être très rigolo pour les autres et on se sent très libre de ne pas être comme tout le monde. Par contre, pour réussir à être heureux avec une personnalité atypique la Thérapie qu’il vous faudra faire ce ne sera pas la Thérapie qui convient aux névrosés. Il vous faudra trouver de préférence une thérapie de groupe parce que ça travaille vraiment la relation. Et si vous ne trouvez pas de thérapie de groupes, il faudra trouver un thérapeute qui accepte de travailler avec vous le relationnel. Qui je suis moi en face de vous ? Qui vous êtes-vous en face de moi ? Qu’est-ce qui me plaît chez vous ? Je vais vous le dire. Qu’est-ce qui ne me plaît pas chez vous ? je vais vous le dire aussi, mais aussi, quand je vous dérange. Dites-moi aussi quand mes propos vous paraissent dérangeants, et aussi ce qui ne vous convient pas chez moi. Bref, faire en individuel de la relation une thérapie. Après cela, vous n’aurez plus honte d’être vous-même, vous vous sentirez atypique mais capable de rencontrer les gens, sans jouer un personnage.
– Pour finir, quand vous réussit à faire tout ce travail la, c’est plutôt sympa d’avoir une personnalité atypique, parce que les gens adorent rencontrer des personnalités atypiques. Et puis vous finirez par dire comme Daniel TAMMET, qui a écrit un livre et qui a réussi à vivre une histoire d’amour heureuse malgré son autisme : « Maintenant je suis bien dans ma peau est bien parmi les autres. »
3/ Des vécus différents mais une même « faille » psychologique
Que l’on se fasse vomir ou pas, c’est un enfer. On n’imagine pas la souffrance de ces personnes, car elles ont souvent une apparence très lisse et un parcours brillant.