Thérapie individuelle ou thérapie de groupe
Avant les groupes, elle avait tout essayé
Je suis émerveillée à chaque fois que quelqu’un prend son envol. Lorsque cette jeune femme est arrivée dans les groupes elle avait 18 ans. Totalement perdue au milieu de nulle part, elle s’est accroché au groupe comme une bouée, plutôt content de trouver un endroit où elle pouvait rassembler, tels des puzzles, les morceaux éparpillés de sa personnalité égarée.
Elle a essayé psychiatres, psychologues, hypnose, les médocs, l’hospitalisation… Voici le texte de son témoignage :
« – La jeune femme : J’ai essayé plein de choses avant de trouver la thérapie. Et ça n’a pas été facile de faire une thérapie, de trouver la bonne chose. Je sais que je t’ai trouvée quand j’avais 18 ans. Avant j’ai essayé psychiatre, psychologue, j’ai essayé tout ce qu’on peut essayer de spirituel, pseudo scientifique, scientifique. J’ai essayé des médocs, je me suis faite hospitaliser.
– Ce que j’ai trouvé ici, c’est non seulement l’arrêt complet de l’addiction, de toutes les addictions que j’avais, et ici j’ai trouvé une vie en plus. C’est quelque chose qu’on a pas quoi : une vie intérieure et une extérieure, des relations saines et harmonieuses avec ma famille, mes collègues, une relation saine avec mon passé une relation saine avec mon futur. Et je veux dire ta thérapie Catherine, ce n’est pas 1 passage obligé, mais ce qu’on fait en deux ans chez toi, tu vois, c’est 40 ans d’expérience ! Donc on peut ne pas venir chez toi et arriver quand même arriver au même résultat, mais ça prend un petit peu plus de temps. C’est tout c’est ce que je me dis. »
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
Qu’est-ce que la thérapie de groupe ?
La thérapie de groupe se pratique de plus en plus avec les personnes qui ont du mal à se débarrasser d’une addiction. Pourquoi la thérapie de groupe? Quel est son intérêt par rapport aux autres thérapies?
Commençons par son histoire. Au début la thérapie de groupe était surtout vue comme un soutien. Elle est née aux États-Unis après la 2e guerre mondiale. Les gens ont fini par se rendre compte que, quand ils étaient à plusieurs à vivre un même problème, cela les soulageait beaucoup d’en parler ensemble, parce-que entre eux ils se comprenaient. On a vu naître ainsi des thérapies de groupe pour des gens qui tous avaient un problème commun. On s’est rendu compte que pour eux c’était très soutenant et en même temps thérapeutique. Des groupes de toutes sortes sont ainsi nés un peu partout aux États-Unis, apportant à la fois réconfort, et apaisement de ce qui, au départ, faisait tant souffrir. Et quel soulagement de se comprendre et de se respecter les uns les autres quand les autres ni ne comprennent ni ne respectent.
Mais la thérapie de groupe aujourd’hui n’est plus vue seulement comme un soutien. Elle est considérée comme une approche thérapeutique, parfois plus efficace que la thérapie individuelle, surtout pour les types de personnalité qui a besoin d’une addiction pour vivre. De nombreuses personnalités, parmi lesquelles des célébrités, se sont mêlées à Monsieur et Madame tout le monde pour comprendre qui ils sont vraiment au-delà de leurs talents artistiques ou intellectuels.
La première à donner l’exemple, c’était Betty, la femme du président Ford. Elle a intégré une institution, comme n’importe quelle anonyme, où l’on pratiquait de la thérapie de groupe tous les jours. Avant cela, addict à l’alcool elle ne songeait pas à se soigner. Probablement parce qu’elle était la femme du président et ne voulait pas que cela se sache. Et peut-être aussi parce qu’elle avait honte de son problème d’addiction, préférant le vivre en cachette.
On raconte que tous ses proches se sont réunis face à elle dans une pièce pour lui demander de se débarrasser de son problème d’alcool. Après quelques hésitations, elle a fini par céder et elle a directement intégré un centre on on pratique la thérapie de groupe (qui s’appelle aujourd’hui en son honneur « le Betty Ford Center ». D’autres célébrités plus tard ont suivi et suivent encore son exemple, participant eux-aussi à une psychothérapie qui ne se fait qu’en groupe alors qu’ils ont largement les moyens de faire de la thérapie individuelle. Mais tous ont sans doute fait l’expérience que c’est trop facile de « baratiner » son psychothérapeute en individuel avec un beau discours intellectuel et en apparence très sensé. Alors que dans un groupe, anonyme parmi d’autres anonymes, difficile de se la jouer « je suis Monsieur Machin », « et moi Madame Intel ».
La thérapie de groupe a aujourd’hui acquis ses lettres de noblesse au sens où maintenant, elle n’est plus pratiquée dans le but de se soutenir les uns les autres. Au contraire, face aux autres, on se sent beaucoup plus seul que si on est en face d’un thérapeute qui vous écoute attentivement. On se sent seul parmi les autres comme dans la vraie vie. Sauf que dans un groupe on a l’occasion de comprendre pourquoi on se sent si seul. Et surtout, surtout, on a l’occasion d’expérimenter comment ne plus se sentir aussi seul. L’idée cette fois n’est plus de séduire ni de se raconter des histoires, ni de se plonger dans de longues explications intellectuelles souvent pleines de bon sens et pourtant à côté de la réalité (puisque personne n’a accès à son inconscient).
Dans une thérapie de groupe, on dit juste ce que l’on se ressent sur le moment, quand une émotion déborde ou même quand on ne ressent rien face à la personne qui s’exprime. Dans une thérapie de groupe il est impossible de jouer un rôle sans que les autres s’en aperçoivent. Ni de chercher à paraître intelligent ou drôle. On laisse son ego de côté pour s’exercer à être enfin authentiquement soi-même, sans chercher à plaire, sans filtre, en oubliant la personne qu’on s’oblige à être souvent par « correction » ou pour que personne ne se rende compte à quel point on est vide à l’intérieur.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
Qu’est-ce que la thérapie individuelle ?
La thérapie individuelle est une pratique beaucoup plus ancienne que la psychothérapie de groupe. Elle aussi a une histoire. Il fut un temps ou ceux qui étaient mal dans leur peau, sans raison médicale avérée, s’ils en avaient les moyens, allaient consulter un psychiatre simplement parce qu’ils avaient besoin de parler et d’être écoutés, sans être jugés. Nul doute que cela leur faisait beaucoup de bien. Moins sûr que cela parvenait à résoudre leur problème de fond.
Avant Freud il y a un médecin qui avait une clinique dans laquelle on guérissait les maux du corps par la thérapie individuelle. il s’appelait Groddeck. Il s’était aperçu que les maux du corps pouvaient parfois disparaître lorsque ses patients parlaient authentiquement de leurs secrets intimes. Il en avait conclu, dans un livre qu’il a nommé « le livre du ça », que l’expression de leurs émotions avec des mots pouvaient avantageusement libérer les maux du corps. En France bien avant Groddeck, le docteur Prost avait pour la première fois expérimenté la création d’un lieu dans lequel les chaîne et la paille des asiles psychiatriques étaient remplacés par l’écoute de l’expression du soi. De grands écrivains ont bénéficié de cette approche parmi lesquels Gérard de Nerval, Van Gogh, Guy de Maupassant, Marie d’Agoult et le musicien Charles Gounod.
Entre temps Freud continuait ses recherches sur la psychothérapie individuelle. Bien que neurologue il était persuadé de l’importance que prenait la vie émotionnelle refoulée ré émergeant au travers des différents symptômes mentaux et somatiques qu’il rencontrait chez ses patients. Et pour avoir accès à la vie émotionnelle refoulée pendant un temps, il a pensé utile d’employer l’hypnose, une technique qu’il allait abandonner un peu plus tard au profit de la psychanalyse. Il a expérimenté que, si en hypnose ses patients pouvaient parvenir à remonter jusqu’à la première émotion qui faisait suite à un événement traumatique, leur souffrance mentale disparaîtrait.
Mais la psychothérapie individuelle, utilisée pour partir à la recherche des traumas archaïques, donnait de très bons résultats au début. Mais elle ne changeait pas beaucoup les choses sur la durée.
Ce n’est qu’après l’abandon de l’hypnose que Freud inventât la psychanalyse. Sa première découverte était que ce n’était pas en retrouvant l’émotion originelle d’un évènement traumatique que les choses pouvaient se résoudre définitivement. En réalité derrière notre apparence consciente, derrière ce que nous connaissons de nous-mêmes et ce que nous croyons montrer aux autres, il y a tout un théâtre inconscient qui bouillonne de ne pas pouvoir voir le jour. Ce sont nos besoins (désirs) profonds, nos pulsions, nos frustrations, nos attentes… Ainsi désormais il était inutile de mettre les gens en hypnose mais au contraire de les laisser s’exprimer aussi librement que possible jusqu’à ce que l’inconscient apparaisse subrepticement au détour d’un mot utilisé à la place d’un autre, d’un comportement inhabituel, ou mieux encore, de ce que nous attendons du psychanalyste sur le plan affectif. Lui en voulons-nous d’être trop silencieux? De ne pas nous comprendre vraiment ? D’avoir l’air aussi absent à un moment si intense pour soi? Pour faire simple tout ce que nous attendons du psychanalyste nous l’attendions quand nous étions enfant de nos parents. Nous remontons le temps ainsi émotionnellement mieux que nous ne le ferions avec nos souvenirs conscients au temps où nous n’avions pas encore les capacités de nous exprimer suffisamment clairement.
La thérapie individuelle aujourd’hui, qu’elle s’inspire de la psychanalyse où qu’elle se réfère à l’approche cognitive, se donne pour fonction d’observer en quoi nos émotions du présent nous ramènent à nos frustrations du passé.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie de groupe dans quel cas ?
La thérapie de groupe est différente des groupes de parole et pourtant on les confond souvent. Ces Ces derniers sont utilisée aujourd’hui généralement pour regrouper des personnes souffrant d’un même trauma ; par exemple on peut regrouper des gens ayant perdu un proche et ayant du mal à s’en relever. Lorsqu’on souffre de quelque chose, le fait de rencontrer d’autres personnes qui sont dans le même cas apporte du réconfort et permet de sortir un peu de soi. On sait que participer à un groupe console en partie, on sait que ça apporte de la chaleur humaine dans les cas où il en faut massivement quand « noir c’est noir » à l’intérieur de soi. On utilise aussi les groupes de parole dans les hôpitaux pour des gens qui souffrent de la même maladie. Et plus récemment on l’a beaucoup plus utilisé avec des personnes qui souffrent d’une addiction sévère, l’alcool, la drogue, etc…
Mais bien que les groupes de parole aient un effet thérapeutique certain, ils n’ont pas la même puissance que ce qu’on appelle réellement la thérapie de groupe. L’objectif dans une thérapie de groupe n’est pas d’apporter du soutien ou de consoler d’aucune manière. Il s’appuie sur l’idée que lorsque on est à plusieurs, on a autant de miroirs que de participants. On le sait, un seul psychothérapeute ne peut pas avoir accès au réel de son patient. D’après le psychanalyste Jacques Lacan, le psychanalyste ne voit pas grand-chose et, quand il le tente, il ne peut que se tromper. Lacan disait à ses confrères dans ses séminaires : « Ne cherchez surtout pas à interpréter vos analysants ». Qu’on soit psy ou philosophe, on sait qu’on ne peut voir que de toutes petites parties de la réalité, et que jamais les parties ne pourront rendre compte du tout. D’autant qu’en matière de sciences humaines le tout est plus que la somme des parties.
La thérapie de groupe ne mise pas que le soulagement mais aussi de véritables transformations chez les personnes qui choisissent cette forme de psychothérapie. Elle est comme un jeu de la vérité dans lequel chacun dit authentiquement ce qu’il ressent à propos de lui-même mais aussi à propos des autres. Et comme on est là pour travailler les vraies raisons responsables des symptômes, c’est-à-dire non pas seulement les évènements déclenchants mais les troubles de la personnalité, lorsque vingt-cinq personnes vous disent la même chose, vous y portez forcément beaucoup plus d’attention que lorsque un seul thérapeute le suggère du bout des lèvres.
La thérapie de groupe mise sur l’authenticité et même quand ce qui est dit ne fait pas toujours plaisir, on finit par être reconnaissant de découvrir chez soi quelque chose qui manifestement perturbait la relation entre soi et l’autre. On n’a pas toujours conscience de comment on est avec les gens. On ne comprend pas toujours tout seul que ce que l’on fait dans le but de se rapprocher des autres, au final, a tendance à les faire fuir.
Dans une thérapie de groupe dont la base est l’authenticité, on commence très vite à comprendre ce qui ne va pas chez soi et qu’il est nécessaire de changer si l’on veut à la fois se sentir bien parmi les autres, et par voie de conséquence, acquérir de l’estime de soi.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie de groupe dans le cas de la personne souffrant de boulimie
En ce qui concerne la boulimie, la thérapie de groupe est un cadre idéal. La boulimie est une drogue de la solitude, comme le sont probablement beaucoup d’autres drogues. On se sent perdu en soi-même. On se sent perdu parmi les autres. On se sent perdu, même quand on a une famille formidable. On se sent perdu, même quand on a magnifiquement réussi dans sa profession. Perdu et seul, on peut même dire isolé. On réussit parfois à s’accrocher à son métier, mais, à la sortie du travail, quand on rentre chez soi, on ne parvient pas à se connecter véritablement avec ceux qu’on aime. On est là et en même temps on n’est pas là. Et chacun peut se retrouver dans la phrase de la sculptrice Camille Claudel : «il y a toujours chez moi quelque chose d’absent qui me dérange».
Dans la thérapie de groupe, mieux qu’en psychothérapie individuelle, la personne boulimique voit très vite ce qui ne va pas chez elle, ce qui n’est pas conforme avec sa réalité intérieure. Autant dans la vie de tous les jours elle peut tromper tout le monde avec son regard lumineux et ses compétences professionnelles ou artistiques, autant dans un groupe, elle ne peut plus utiliser les mêmes stratagèmes de communication qui marchaient avec tout le monde ou presque, mais qui dans le groupe sonnent faux.
En thérapie de groupe on est amené à se réinventer pour apprendre à exister authentiquement dans le présent, sans les réflexes du passé, sans les lourdes « valises » de croyances limitantes que l’on trimbalait inutilement avec soi. Le passé ne sert pas toujours le présent, surtout en matière de relations affectives et émotionnelles. Certes, ce n’est pas facile de reprendre tout à zéro, mais c’est tellement jubilatoire de devenir enfin soi sans avoir besoin de s’accrocher à une addiction momentanément réparatrice.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie de groupe dans le cas de la personne souffrant d’anorexie
La thérapie de groupe dans le cadre de l’anorexique donne en général de moins bons résultats dans la mesure où les personnes qui souffrent d’anorexie non souvent pas envie de se remettre en question. Certes elles sont très maigres. Certes c’est très dangereux pour leur santé. Certes quelques-unes peuvent mourir si elles ne passent pas par un service hospitalier spécialisé dans l’anorexie. En même temps, d’un point de vue psychologiques, elles se sentent enfin capables de maîtriser quelque chose de leur vie. Elles aiment la maigreur, elles ne pourraient pas se supporter avec des kilos supplémentaires. De plus elles parviennent fièrement à atteindre leur objectif et elles n’ont en aucune façon envie de changer d’apparence. Bien sûr un grand nombre de ces personnes sont malheureuses de faire souffrir leurs proches mais elles ont l’impression qu’en grossissant elles y perdraient leur identité. Cela leur est impossible.
Il arrive très souvent qu’une adolescente anorexique devienne boulimique. Elle est très malheureuse, mais le fait qu’elle soit malheureuse joue plutôt en sa faveur, dans la mesure où elle est prête à faire n’importe quoi pour se libérer d’une addiction qui la fait grossir.
Mais quand ce n’est pas le cas, quand elle est encore enfermée dans sa rigidité mentale qui consiste à vouloir absolument maintenir le poids de ses rêves, la psychothérapie individuelle ne peut pas grand-chose pour la simple raison qu’il n’est pas possible de faire une psychothérapie sans une réelle motivation.
Il y a néanmoins une solution : la thérapie de groupe familiale. Cette approche est ce qu’il y est le plus approprié pour créer des vrais changements, autant chez les proches qui sont motivés parce qu’ils souffrent aussi, que chez la personne anorexique elle-même. Dans une thérapie de groupe familiale, la vérité sort de la bouche de chacun, quelquefois un peu « arrangée », mais très vite rétablie dans sa réalité par la réaction des autres membres de la famille et du psychothérapeute, qui tous donnent leur point de vue. Face à la touchante authenticité émotionnelle qui finit par émerger, des transformations s’opèrent petit à petit ; d’autant que les observations du psy sont là pour souligner ce qui vient de se passer et dont peut-être personne n’avait encore pris conscience.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie de groupe dans le cas de la personne souffrant d’hyperphagie boulimique
La thérapie de groupe dans le cadre d’une personne hyperphagique est très utile si l’hyperphagie a une origine psychologique. Comme vous le savez, il existe des hyperphagies dues à un dérèglement physiologique. Quand on est hyperphagique la première chose à faire est de voir s’il n’y a pas en amont une cause médicale.
Il existe aussi des cas d’hyperphagie qui ne sont ni médicale ni boulimique. On rencontre parfois des gens qui mangent tout le temps et qui sont très gros sans pour autant avoir de vrais complexes. Tout en étant très gros ils sont bien dans leur peau et dans leur tête. Sans doute ont-ils eux aussi envie de diminuer leurs trop nombreuses prises de nourriture, parce que ce n’est pas très commode d’être très gros, Mais cette envie reste une envie consciente qui ne coïncident pas avec leur principe de plaisir inconscient qui finit toujours par gagner.
Enfin il existe des boulimiques hyperphagiques qui ne font pas de grosses crises en une seule fois mais qui mangent plus ou moins toute la journée sans avoir envie de se faire vomir. Certains disent en avoir envie et en même temps ne pas y parvenir. Ces personnes hyperphagiques-là ne mangent pas par gourmandise mais pour se soulager d’une solitude profonde et d’un « vide intersidéral », comme l’a si bien représenté la dessinatrice de bédé, Émilie Oprescu, que vous pouvez retrouver ici. (https://www.boulimie.fr/116-articles/la-boulimie/434-le-vide-intersideral-de-la-muerte)
À mon sens, les boulimiques hyperphagiques qui ne se font pas vomir sont probablement encore plus malheureuses que les autres parce qu’elles détestent qui elles sont, et en plus elles détestent leur apparence. Dans certains cas, il m’est arrivé de rencontrer des boulimiques hyperphagiques qui parvenaient à ne pas grossir grâce à un entraînement de grand sportif. Le matin très tôt avant d’aller au travail, elles couraient des kilomètres. Le soir, aussi, le ventre plein. Une vraie torture. De cette façon elles parvenaient à rester mince. Mais si elles avaient la satisfaction de ne pas prendre de kilos, au fond d’elles-mêmes elles ne se sentaient pas pour autant « dans leur vie ». Une jeune femme, danseuse à l’opéra, disait qu’elle vivait sa vie comme un poisson dans un aquarium. Tel le poisson, elle voit des gens autour d’elle, mais elle avait l’impression que personne ne l’entendait, et elle-même ne pouvait entendre les autres. Vous pouvez voir ce témoignage dans une reportage réalisé en 2002 : « Boulimie et Thérapie », dont voici la séquence https://youtu.be/YXgSCi0LBAY (Le reportage en entier peut être vu dans le site boulimie-anorexie.live https://youtu.be/zWAF6a4XW3Y)
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie individuelle par cas
La thérapie individuelle est toujours une démarche intéressante quand le psychothérapeute est bien formé. Qu’il soit psychanalyste, cognitiviste, humaniste, qu’il utilise une psychothérapie inspirée de la méditation, s’il se retient d’interpréter ou de donner des conseils, comme tout psychothérapeute bien formé, cela ne peut faire que du bien d’avoir un espace à soi où l’on peut déposer ce qui nous blesse afin d’examiner pourquoi et en quoi cela nous blesse et surtout pourquoi on reproduit ce comportement qui nous blesse.
La thérapie individuelle, en fait, quand elle n’est pas juste une psychothérapie de soutien, sert à faire un pas de côté et non à consoler, à rassurer ou à chercher tel ou tel responsable. Elle peut nous amener à être surpris par nous-mêmes quand nous exprimons telle ou telle chose. Et en même temps, la thérapie individuelle permet enfin de nous dégager de tout ce que nous pensions jusqu’ici nécessaire, et ce faisant, d’acquérir enfin une liberté intérieure
La thérapie individuelle dans le cas d’une personne souffrant de boulimie
La thérapie individuelle, dans le cas de la personne boulimique, peut être parfois un accompagnement précieux, mais reste limitée en matière de résultat. Les personnes boulimiques ont souvent tendance à élaborer de très beaux raisonnements sur l’origine de leur mal-être, qui sont très séduisants sur le plan intellectuel, et néanmoins à côté de la réalité. En psychologie on apprend à se méfier des théories qui ont l’air vraies, tout simplement parce que chacun est animé par un double discours, celui de l’égo et celui de l’inconscient (parfois totalement différents).
Avec les personnes boulimiques il est nécessaire de mettre les points sur les « i » Ce n’est pas suffisant de dire « Ah bon ? » « Vous croyez ? », « cela ressemble à ce que vous avez dit l’autre fois… ». L’expérience a montré que quand on est boulimique on est enfermé dans une armure de certitudes qui empêche de capter les nuances. Il faut du « lourd » pour comprendre ! Un thérapeute qui ne fait que suggérer et qui hésite à se confrontant ne parviendra pas, avec une personne boulimique, à détourner son regard de la croyance à laquelle elle tient à rester accrochée.
La thérapie individuelle dans le cas de la personne souffrant d’anorexie
La thérapie individuelle dans le cadre de l’anorexie est toujours très difficile, au point que la plupart des services hospitaliers propose généralement en plus de l’approche médicale, une approche familiale. L’approche familiale est ce qui est idéal pour des personnes qui ne veulent pas se remettre en question et qui sont tout de même amenées à regarder les choses autrement quand les proches, eux, se remettent en question. Là où la thérapie individuelle montre ses limites la thérapie familiale, quand elle est animée par un psy très bien formé à cette approche, peut donner d’excellents résultats. L’anorexique, qui ne veut en réalité rien voir ni rien entendre de ce qui n’est pas elle, se trouve en face de la réalité des autres, de leurs croyances mais aussi de leur souffrance. Plus que la thérapie individuelle, dans le cadre de l’anorexie, on conseille la thérapie familiale qui, elle, permet d’avancer vraiment. Le choix du thérapeute est bien sûr très important et aussi l’authenticité des membres de la famille qui se sentent capables d’aborder les choses sans juger.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie de groupe dans le cas de la personne souffrant d’hyperphagie boulimique
La thérapie de groupe semble être la thérapie idéale si l’on a vraiment l’intention de faire une recherche honnête sur soi-même et d’obtenir de vrais changements. Bien sûr les autres peuvent déranger à priori, au début en tout cas, mais ils renvoient tellement de facettes de soi-même et de la vie auxquelles on n’avait jamais pensé auparavant qu’ils permettent d’amorcer des changements radicaux balayant les symptômes pathologiques définitivement et qui, en plus, permettent d’acquérir cette fameuse liberté intérieure qui rend la vie enfin agréable en soi-même et parmi les autres. Mathieu Ricard, Christophe André et Alexandre Jollien ont écrit un livre sur comment acquérir la liberté intérieure. Ils ont fait également des émissions télévisées dans lesquelles ils expliquent pourquoi ils ont écrit ce livre (voir en replay). Il vous est proposé, parmi tous les extraits vidéo, de regarder celui-ci mais rien ne vous empêchera si vous en ressentez l’envie de vous jeter sur les autres avec une avidité boulimique qui, cette fois, ne fera grossir que vos neurones.
Thérapie de groupe ou thérapie individuelle
La thérapie de groupe ou la thérapie individuelle : mon avis
La thérapie de groupe ou la thérapie individuelle sont l’une comme l’autre faites pour alléger la vie et se débarrasser des symptômes qui nous empêchent de vivre.
Jusqu’à présent, en France, on n’avait pas tellement le choix. Les gens n’avaient quasiment accès qu’à la psychothérapie individuelle, qui leur donne peut-être l’impression d’aller plus au fond de l’intime. En plus, ils vivent comme un avantage d’avoir un psy pour soi tout seul pendant trente ou quarante-cinq minutes.
La thérapie de groupe néanmoins est aujourd’hui fortement conseillée pour les gens qui ont une addiction sévère pour laquelle le groupe donne enfin de vrais résultats. Pour ces personnes, qui sont sans le vouloir complètement repliées sur elles-mêmes, obligées d’avoir recours à une addiction pour souffler, se confronter aux autres les amène à porter leur regard sur des choses de la vie dont ils n’avaient même pas conscience. Ouvrir les yeux, ouvrir les oreilles, c’est probablement ce qui ouvre à la vie.
Jusqu’à présent il était difficile de trouver des thérapies de groupe quand on habitait loin des grandes villes. Aujourd’hui, on peut dire que grâce à un problème sanitaire, les groupes peuvent se faire à distance grâce à des interfaces telles que zoom pour ne citer que celle-là. Boulimie.fr organise des parole pour des personnes qui ont une addiction alimentaire dans lesquels on retrouve des participants venant non seulement de tous les coins de France mais aussi de tous les endroits du monde, quand ils parlent français.
Vous trouverez de nombreux témoignages de personnes qui ont fait ces groupes à distance sur le site https://boulimie-anorexie.live qui est un site entièrement fait de témoignages vidéo, classés par rubriques. Vous trouverez aussi un grand nombre d’articles sur le sujet des différentes thérapies, sur boulimie.fr – articles sur les différentes thérapies
En vous souhaitant un bon visionnage et une bonne lecture il vous sera facile de vous faire une idée de quelle thérapie vous conviendra le mieux.
4/ Les thérapies traditionnelles
En écoutant ces témoignages vous verrez que les thérapies traditionnelles ne sont pas assez adaptées à la personnalité hypersensible des anorexiques boulimiques.