Anorexie boulimie,
un trouble d’identité

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On s’en sort

Si je me retourne sur la route déjà parcourue, je peux dire que je suis passée de la peur de vivre à la sensation d’être enfin moi, à ma place, entourée des gens que j’aime et faisant le métier que j’ai toujours voulu faire.

Catherine Hervais, psychologue spécialisée dans les TCA

Boulimie et relationnel professionnelle

Je veux être authentique, mais je blesse les gens

C’était son premier week-end de thérapie à distance. Le lendemain, le dimanche, elle prend la parole. Elle est très émue d’avoir entendu tous les témoignages des autres participants qu’elle a trouvé « tellement vrais ». Et puis elle parle de son problème relationnel principal : « je veux être authentique, mais je blesse les gens ».

• S : En fait, j’ai essayé d’appliquer avec une personne avec qui c’est très compliqué au travail, la gentillesse. Depuis plusieurs années, on ne s’entend pas, on a des difficultés parce qu’on est différents, et professionnellement on voit les choses complètement différentes. Du coup, quand on est ensemble, quand on part en déplacement, c’est difficile, je me crispe, et je sens que c’est désagréable, et pour lui et pour moi. Du coup cette semaine, je me suis dis : bon, laisse couler, essaie d’être gentille, coûte que coûte. Et à chaque fois, j’ai eu le réflexe de décaler quand je n’étais pas d’accord, ou de poser plus de questions sur pourquoi il raisonnait comme ça.Je trouve que non seulement ça m’a fait du bien, je me sentais beaucoup mieux à la fin, on s’est dit au revoir comme des amis, et c’était une énorme avancée. Et à la fois dans le boulot, je trouve qu’on a pris un peu le meilleur de chacun ; en tout cas, que ça a été beaucoup plus positif en fait qu’être en rogne l’un contre l’autre, et de ne pas voir les bénéfices. Du coup, c’est chouette à double titre, et ça me semblait quasiment impossible, parce que ça faisait super longtemps que c’était en friction, et que je ne voyais pas comment je pouvais faire autrement.

  • CH : il y a beaucoup de gens qui peuvent t’entendre et penser que gentillesse c’est s’écraser.
  • S : Non, justement. Là je l’ai expérimenté ; effectivement j’entendais ce que tu disais, mais là, ce que j’ai vraiment senti c’est que j’ai pas été fausse, je ne lui ai pas dit : je t’adore, j’adore la façon dont tu as géré ce dossier, j’aurais fait pareil. et tout C’était pas du tout ça. C’était juste comprendre que ça pouvait être différent, juste ne pas juger. C’était cette notion que ok c’est différent, je posais quelques questions : « Pourquoi tu vois les choses comme ça? Comment toi tu les vois» Et OK je vois les choses un peu différemment, mais j’ai essayé de les laisser au même niveau. Je ne me suis vraiment pas sentie dans la gentillesse, un peu béate, ou on s’écrase justement Et ça c’est nouveau pour moi aussi.
  • CH : Donc gentillesse ça veut dire pour toi non-jugement, en fait ?
  • S : Non jugement et douceur. Pour appliquer cette douceur-là, je sentais que je me décalais un peu. On a plus rigolé. Je sentais qu’il y’a des moments où il fallait que je décale pour justement ne pas rentrer trop dans le jugement ou je laissais couler.
  • CH: C’est la victoire de l’intelligence sur l’émotion, tu vois?

S :  je suis vraiment contente d’avoir senti ça, c’était puissant. Je me suis dit : ah c’est ça en concret ! Parce que je l’entends depuis plusieurs groupes, et là en plus avec la personne avec qui j’aurais pensé y arriver, donc c’est vraiment chouette.

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