Groupe thérapeutique
Plus les gens parlaient, plus je me reconnaissais
L’histoire de chacun est très différente et en même temps, curieusement, chacun retrouve des traits de sa personnalité en écoutant les autres. C’est ce qui explique très bien un jeune homme dans cette vidéo.
Dans le groupe thérapeutique plus les gens parlaient plus elle se reconnaissait. Voici le texte de son témoignage :
« – J’avais l’impression d’être malade en permanence. Ça n’était pas une question de boulimie, c’était la question de toutes les peurs, toutes les angoisses qui généraient ce symptôme-là. Mais j’avais beau parler de ça avec les psychologues, ça nourrissait l’image d’être malade. Je t’ai appelé, on a parlé très brièvement au téléphone. Je suis arrivé dans un groupe de filles, je me suis dit qu’elles allaient me raconter leur truc avec les garçons et je vais être là, le seul garçon, que ça va me fatiguer. Et puis, tu m’as dit que de toute manière, on ne parle pas de boulimie ! Alors là, je me suis dit : « mais qu’est-ce qu’elle me raconte ? Je viens pour régler des problèmes de de boulimie, et elle me dit qu’on ne va pas en parler ! ». Je me suis dit « bon d’accord » ! Après, tu m’as dit que je verrais, que c’était des personnes comme les autres. Là je me suis dit : « Ah oui d’accord ». Je suis venu au premier groupe, et je me suis mis absent, comme je le fais au quotidien. Et plus les gens parlaient, plus j’avais l’impression de me voir ; la sensation de miroir. Je me suis dit que ce sont des femmes et j’avais quand même l’impression de me reconnaître. Pas dans l’histoire avec leur compagnon, mais de la manière dont elles ont parlé. La manière dont elles vivaient, la manière dont elles s’angoissaient. Je me suis dit : ” bon d’accord, ça c’était le premier jour heureusement que la Thérapie c’était sur deux jours « Le lendemain, je me rappelle, sur une chaise, bien caché dans un coin. J’étais déjà parti dans l’idée que je n’allais pas revenir, que c’était trop impressionnant, je ne vais pas réussir à parler devant les filles, devant cette idée que les garçons ça ne doit pas s’épancher sur ses douleurs. Là, tu m’as fait faire un jeu de rôle, le dimanche le deuxième jour.
– Tu te rappelles ce que c’était ?
– Ah oui. Tu m’as demandé pourquoi j’étais là. J’ai répondu que je suis venu parce que j’ai rompu le contact avec mon père, et que ça fait je ne sais plus combien de mois que je ne l’avais pas vu, et que je ne suis pas allé dans ma famille à Noël, tous les symptômes du borderline : ne pas être conciliant, reprocher à la personne des choses dont elle n’est pas responsable ! Tout ce que j’ai pu déverser sur cette personne-là est devenu la cause des problèmes. Ce jeu drôle avec deux chaises, où je me suis assis et j’ai fait les deux rôles… j’ai changé de place pour faire à la fois mon père et moi, et faire ce dialogue à deux en étant tout seul. En fait ça a été tellement violent dans ma tête ! Je crois que c’est enfin la première personne qui est capable d’aller de façon aussi violente dans ma tête que ce que je m’impose moi. Le petit vélo qui tourne que je m’impose tous les jours et qui me flagelle. J’ai en face de moi quelqu’un qui est capable d’enrayer ça parce qu’elle est capable d’être aussi violente que moi. Ce n’était pas violent, c’était dans la douceur que tu le faisais, avec tact et précaution, mais avec une fermeté dont j’avais besoin ; et que je n’avais jamais trouvé par le passé. »