Boulimie et anneau gastrique
Elle s’est fait poser un anneau gastrique
Elle s’est fait poser un anneau gastrique sans dire au chirurgien qu’elle était boulimique. Si elle l’avait dit, il n’aurait probablement pas accepté. Ça a marché, mais sans crises elle avait envie de mourir. Et puis elle a essayé les groupes…
• CH : Il faut dire que tu étais grosse, non ?
• S : Oui, enfin, j’ai trouvé un chirurgien qui m’a mis un anneau gastrique, alors que normalement j’étais pas suffisamment grosse. Je m’étais faite opérer d’une hernie discale etc. Il m’a dit : « Il faut reprendre 5 kg ». J’ai repris 10 kilos, il m’a posé mon anneau, et là j’ai vécu en étant boulimique, sans pouvoir faire de crise de boulimie. Et alors là, c’est épouvantable. C’est comme si deviez prendre un médicament pour survivre, et que vous n’avez plus ce médicament. Donc, il n’y a plus qu’une solution, c’est mourir de toute façon. C’était à me taper la tête contre les murs. C’était insupportable. C’était pas vivable. Et du coup, j’ai maigri, j’ai maigri, j’ai maigri, j’étais en dénutrition, j’étais juste en train de mourir. Et là, j’ai dit : « Il faut faire quelque chose ». Et c’est là où je suis tombée sur les groupes. Et donc, je suis venue aux groupes, mais complètement terrorisée. Mais pas forcément parce que c’est un groupe. J’étais terrorisée de toute façon, je serais allée à un rendez-vous, j’étais terrorisée. J’étais terrorisée par le monde extérieur en fait. Et au groupe, tu as dit quelque chose qui m’a vraiment rassurée, parce que quand je suis arrivée je me suis dit je ne pourrai jamais m’exprimer, je ne pourrai jamais faire une phrase avec un sujet, un verbe, un complément, c’est au-dessus de mes forces. Et tu as dit : ” De toute façon, même les filles, je dis les filles mais bon, même les personnes qui ne s’expriment pas, elles mettront plus de temps, mais elles guériront quand même. Et là je me suis dit : « Bah en fait j’ai juste à venir ». Et puis voilà, j’ai fini par m’exprimer, puis j’ai fini par aller mieux, et puis je ne sais pas pourquoi, un jour je n’étais plus boulimique. Et alors, il y a quelque chose de très drôle, c’est que chaque fois, mais depuis toujours, depuis que j’ai 15 ans, j’ai fais beaucoup de soirées etc. Et aucun homme, jamais, ne m’invite à danser, jamais. Et j’adore danser, et je ne comprends pas pourquoi, autour de moi, toutes les nanas on les invite à danser. Et un jour, je suis allée à une soirée où c’était prévu, si on mettait un petit nœud rouge ça voulait dire qu’on était, qu’on acceptait de danser un slow. Moi j’avais mis mon petit nœud rouge et personne ne m’invitait à danser. Et je me dis ça : « Personne ne m’invita jamais à danser ». Et je ne sais pas pourquoi, et bien maintenant, je vais en soirée, je te jure, il y a 25 mecs qui m’invitent à danser. Et je ne sais pas pourquoi.
Boulimie et anneau gastrique
Quand est-on boulimique ?
L’anneau gastrique est souvent envisagé comme une solution par les personnes qui souffrent d’une boulimie non vomitive et qui prennent énormément de poids. Certaines sont obèses. D’autres passent par des variations de poids fréquentes et spectaculaires (parfois de plus 30 kilos à moins 30 kilos) en faisant régulièrement des régimes très stricts pour perdre le poids qu’elles ont amassé en très peu de temps. Si on prend très rapidement 20 ou 30 kilos en un seul mois, on met plus longtemps à les perdre. Mais si l’anneau gastrique est une solution pour un grand nombre d’obèses, tous les obèses ne sont pas boulimiques. L’anneau gastrique est-il souhaitable pour des personnes boulimiques en cas d’obésité ? Et comment différencier une personne obèse non boulimique d’une personne obèse boulimique ?
Selon la définition médicale, on est boulimique quand on mange plus que de raison, de grandes quantités, sans faim, qu’on fasse des crises de boulimie ou que l’absorption de la nourriture se fasse régulièrement tout au long de la journée. Certaines personnes souffrant de boulimie se font vomir, d’autres non. Ces dernières parviennent très souvent à échapper à l’obésité par du sport intensif, ou bien en alternant des périodes pendant lesquelles les kilos peuvent s’accumuler en très peu de temps et des périodes pendant lesquelles elles font des jeûnes drastiques pour perdre en peu de temps les kilos trop vite amassés.
Sous l’angle de la psychologie, la boulimie ne se définit pas seulement par un trouble du comportement alimentaire, que ce soit une boulimie vomitive ou non vomitive. La boulimie peut être passagère, à la suite d’un évènement de vie difficile. Dans ce cas la boulimie peut être intense, mais on sait qu’elle ne durera pas si la personne ne présente pas des troubles d’identité, ou des troubles relationnels quand l’affectif est en jeu.
Boulimie et anneau gastrique
Qu’est-ce qu’un anneau gastrique ?
Dans les cas d’obésité, pour limiter les quantités de nourriture absorbées, il est assez fréquent de poser un anneau gastrique sur la partie haute de l’estomac pour en réduire la taille. Cela se fait de façon chirurgicale. En diminuant le volume de l’estomac, l’anneau gastrique diminue le volume d’aliments ingérés sans en perturber la digestion. L’anneau gastrique peut être retiré si nécessaire, soit parce que la personne le demande, soit parce qu’il est inefficace. Contrairement à d’autres techniques comme le by-pass ou la sleeve, l’anneau gastrique n’est pas une technique d’amputation. Il permet de réduire le volume des repas et d’apporter un sentiment de satiété plus rapide. Certaines personnes obèses en sont très satisfaites parce que ça leur a permis de réussir à perdre énormément de poids. Sans anneau gastrique elles n’y seraient pas parvenues. Beaucoup de personnes obèses à plus de 100 kilos, ont réussi à devenir minces.
Boulimie et anneau gastrique
L’anneau gastrique est-il une solution face à la boulimie
Certaines personnes boulimiques deviennent obèses quand elles n’ont plus la force ni le courage d’alterner les phases de boulimie et de régime très strict, ou de se faire vomir. Elles sont tellement désespérées de ne pas réussir à se retenir de manger trop, qu’elles envisagent parfois l’intervention chirurgicale de l’anneau gastrique pour que ce dernier leur permette de manger moins. En principe les chirurgiens refusent de mettre des anneaux gastriques à des personnes boulimiques, parce que le problème chez celles-ci n’est pas qu’elles n’ont pas un sentiment de satiété. Les boulimiques ne mangent pas parce qu’elles ont faim. Elles mangent parce que la nourriture leur procure un apaisement. Si elles devaient réduire leur alimentation grâce à un anneau gastrique, elles souffriraient énormément de ne pas pouvoir manger autant qu’elles ont besoin. Il y a des personnes boulimiques obèses qui s’étaient fait mettre un anneau gastrique. La plupart, malgré la l’anneau gastrique, se débrouillaient pour faire des boulimies tout de même. Un garçon qui faisait 120 kilos a réussi à perdre 50 kilos grâce à l’anneau gastrique. Néanmoins, cela n’a pas résolu son problème de boulimie. L’anneau gastrique lui a permis de perdre beaucoup de poids mais n’a pas résolu son problème de fond, celui qui fait qu’il est boulimique. Pour sortir de la boulimie, cette fois, il n’aura plus besoin de perdre du poids mais d’acquérir de l’estime de soi. Quand on n’a pas d’estime de soi, les rapports avec les autres ne sont pas naturels. On se sent seul et isolé. Sans une communication fluide avec les autres on finit par manquer totalement de repères. Le manque de repères créé beaucoup d’angoisses. Et l’angoisse pousse à manger (ou à ne pas manger chez certains). C’est donc en amont qu’il faut travailler sur soi afin de perdre du poids, quitte à se faire poser un anneau gastrique quand on n’est plus boulimique.
Boulimie et anneau gastrique
Existe-t-il une contre-indication médicale de porter un anneau gastrique lorsque l’on est boulimique ?
Les médecins le savent, l’une des principales contre-indications à l’anneau gastrique, en dehors des maladies psychiatriques non stabilisées, c’est la boulimie. D’après le docteur Faredj Cherikh, le danger qui guette les boulimiques qui se font poser un anneau gastrique, c’est que la personne peut développer une évolution anorexique qui pourrait mettre leur vie en danger.
Il faut considérer la boulimie anorexie comme le symptôme d’un trouble d’identité et de trouble relationnel quand l’émotion est en jeu. La psychanalyse a enseigné que le symptôme n’est pas le problème de fond. En l’occurrence, il est nécessaire de régler d’abord le problème de fond, sans essayer de réguler le poids, parce que tant que le problème de fond n’est pas réglé, la nourriture est la seule chose qui peut apaiser la personne boulimique.
Boulimie et anneau gastrique
Contre-indication anneau gastrique boulimique
Quels sont les risques ?
Des personnes boulimiques et obèses ont réussi à perdre beaucoup de poids avec un anneau gastrique, sans pour autant être débarrassées de leur souffrance existentielle. La plupart ont réussi à échapper aux complications chirurgicales habituelles de l’anneau gastrique. Mais on observe parfois des des carences nutritionnelles. Dans un reportage télévisuel, une jeune femme boulimique qui s’était fait poser un anneau gastrique a eu un rétrécissement outre mesure de son estomac qui ne lui permettait de manger que de toutes petites quantités. Il s’en est suivi des troubles physiques dus au manque de fer, de calcium et de vitamines dans son organisme. Si le taux de mortalité reste faible, les carences en nutriments affaiblissent l’organisme. Quoi qu’il en soit, pour une personne dont l’obésité devient un handicap, l’anneau gastrique reste une solution, à condition d’avoir fait une psychothérapie efficace auparavant.
Boulimie et anneau gastrique
Mieux vaut voir un psychothérapeute pour vaincre la boulimie
La question alors se pose de savoir quel type de psychothérapie il faut faire pour avoir un résultat efficace contre la boulimie. L’expérience montre qu’on a de meilleurs résultats avec une psychothérapie confrontant, parce que les personnes boulimiques ont tendance à développer une personnalité d’emprunt affable, joyeuse, serviable. En psychologie, on appelle cela un faux-self. Sortir de ces automatismes relationnels d’emprunt nécessite une psychothérapie confrontant basée sur l’authenticité. L’idée est d’apprendre à être soi pour basculer d’une personnalité d’emprunt à une personnalité qui est simplement soi. Mais oser apprendre à être soi n’est que la première étape. Elle permet de gagner en affirmation de soi, du vrai soi, sans pour autant parvenir à atteindre l’estime de soi. Comme disent les psychologues et les philosophes contemporains qui se sont beaucoup enrichis des connaissances psychanalytiques, l’estime de soi ne vient pas simplement lorsqu’on parvient à être soi-même. L’estime de soi vient lorsqu’on a acquis la capacité de gérer sa vie relationnelle d’une façon agréable et fluide, sans jouer un rôle. Elle vient lorsqu’on a réussi à se sentir enfin bien parmi les autres. L’estime de soi se gagne à la suite d’un épanouissement relationnel.
Boulimie et anneau gastrique
Deux choix : la psychothérapie individuelle et la psychothérapie de groupe
Même si on est très pressé de perdre les nombreux kilos en trop, et si on est prêt à envisager la pose d’un anneau gastrique, il vaut mieux commencer par une psychothérapie. Si on ne commence pas d’abord par débusquer la personnalité authentique qui se cache derrière la fausse légèreté qu’on affiche face aux autres pour cacher sa honte et ses méga complexes, le besoin de lâcher prise en se jetant sur la nourriture ne partira pas. Tous ceux qui n’ont pas travaillé en priorité à lâcher leur personnalité d’emprunt en devenant vraiment eux-mêmes (avant d’attaquer une période de jeûne très importante ou d’envisager la pose d’un anneau gastrique) ont peut-être réussi à perdre beaucoup de poids, mais sans être libérés de l’obsession de la nourriture. Ainsi après avoir fait très sagement une longue période de jeûne, ils reprennent petit à petit tout le poids qu’ils ont perdu en ne résistant pas à remanger plus que de raison. Quant à ceux qui se sont fait poser un anneau gastrique, ils parviennent peut-être à s’habiller en taille 38, mais ils restent très agités à l’intérieur d’eux-même, obsédés par le besoin de re craquer sur la nourriture.
Avant donc de s’engager dans un processus assez long de perte de poids, il est peut-être souhaitable de supporter ses formes. Même si on se trouve très laid physiquement, on a intérêt, dans un premier temps, à oublier qu’on se trouve laid et à faire en sorte de devenir une très belle personne à l’intérieur, en cessant de tricher pour plaire, en s’exercer à avoir un contact authentique et ajusté aux autres, en cessant d’être la personne toujours sympa qui fait souvent des cadeaux pour devenir quelqu’un avec qui la communication est si agréablement juste que sa seule présence est un cadeau. De tels changements nécessitent l’intervention d’un psy qui, en psychothérapie individuelle, sera la personne avec qui on se confronte pour s’exercer à être soi-même sans tricher, sans en faire trop, et bien sûr sans fuir, quand ce qu’on a à dire est difficile à dire, ni agresser quand on est contrarié, ou bien aussi sans être fusionnel, c’est-à-dire collant comme on l’était bébé avec sa personne d’attachement.
Boulimie et anneau gastrique
Avantages et inconvénients de la psychothérapie individuelle
La psychothérapie de groupe n’étant pas encore connue pour sa puissance thérapeutique, la plupart des gens souhaitent faire une psychothérapie individuelle. Cela se comprend. Quand une personne se déteste, si elle a honte d’elle-même, et si elle souffre beaucoup, elle préfère le « one to one » par peur de se montrer telle qu’elle est face aux autres. Mais comment parviendra-t-elle à trouver un psychothérapeute avec qui elle va bien s’entendre et qui surtout va réussir à la comprendre ? Comment trouver un psychothérapeute qui saura voir son patient comme il est, sans se laisser influencer par son charisme, son humour et son aisance intellectuelle ? En un mot comment trouver un psychothérapeute qui, au-delà de son expertise en psychologie, saura lui aussi rester lui-même sans faire le gentil ni l’expert ? C’est ce style de psychothérapeute qui est nécessaire pour faire une psychothérapie confrontante, un psychothérapeute du genre de Fritz Perls.
Je me souviens d’avoir vu une une séance individuelle entre une jeune femme et Fritz Perls sur youtube. (Elle y est toujours et vous pouvez la trouver en cliquant sur ce lien https://youtu.be/OBqk-TZCpFA)
Fritz Perls était médecin, psychiatre et psychanalyste. Il a fui l’Allemagne nazie pour créer un institut de psychanalyse en Afrique du Sud. Mais il ne s’épanouissait pas en tant que psychanalyste, pas plus que ses patients d’ailleurs. Il a donc renoncé à être psychanalyste pour devenir un psychothérapeute interventionniste. Il pouvait se le permettre parce qu’il savait ce qu’était un « transfert » et un « contre transfert », c’est-à-dire qu’il savait gérer la bonne distance entre lui et ses patients, n’étant ni neutre, ni trop chaleureux. Son écoute était juste, humaniste et… « rentre dedans ». Avec lui on ne pouvait pas jouer à l’enfant, chercher un papa, faire la victime, tenter de lui plaire en minaudant. Si vous regardez la séance avec Gloria, (le lien ci-dessus) vous verrez que Fritz Perls n’est pas dupe quand Gloria minaude pour qu’il s’intéresse davantage à elle.
C’est ce type de psychothérapeute qu’il faut trouver si on a absolument envie de faire une thérapie individuelle. Quelqu’un qui vous regardera comme vous êtes et qui vous encouragera être vous-même sans jouer un rôle ou faire l’enfant (tantôt soumis, tantôt râleur)
Boulimie et anneau gastrique
Avantages et inconvénients de la psychothérapie de groupe
Il y a plusieurs sortes de psychothérapies de groupe. Si le groupe est animé par un psychiatre formé à la thérapie cognitivo-comportementale, ce ne sera pas la même approche que celle d’un psychanalyste ou que celle d’un psychothérapeute humaniste. Indépendamment de la formation du psy, sa posture aussi est importante. S’il est trop neutre, ou trop chaleureux, cette approche ne conviendra pas aux personnalités qui ont besoin de travailler sur le contact à l’autre pour devenir elles-mêmes, ce qui est votre cas. Comme c’est aussi le cas, en général, de toutes les personnes qui ne savent lâcher prise sans une addiction.
Je ne vois pas d’inconvénient à la psychothérapie de groupe. Je ne lui vois que des avantages : il n’y a pas besoin de rabâcher son passé ni d’évoquer les événements traumatisants qu’on a traversés. Même si ces événements ont été déclencheurs de l’addiction, ils n’en sont pas la racine. Dans un groupe les échanges, où on s’efforce courageusement d’être aussi authentique que possible, révèlent beaucoup de choses sur les gens qui participent. Chacun se découvre tel qu’il est mais aussi tel qu’il est perçu. Et la manière dont il est perçu peut lui apprendre énormément de choses sur lui-même. Des choses qu’il ne verrait sans doute pas en psychothérapie individuelle. On y apprend beaucoup sur soi mais aussi sur ses dysfonctionnements relationnels. Et puis on peut y apprendre aussi (en s’entraînant dans des jeux de rôle) comment être authentiquement soi-même sans être agressif ou sans tenter d’échapper à ses émotions par de brillantes intellectualisations.
C’est en faisant ce travail-là que, petit à petit, on peut apprendre non seulement à être authentique mais aussi à l’être sans incommoder les gens. Et c’est très difficile à faire en individuel.
Je ne sais pas si vous avez vu la série « En Thérapie ». C’est une très bonne série qui montre parfaitement ce qu’est le travail d’un psychanalyste compétent. On voit bien dans la série que, s’il y a une recherche d’authenticité chez ses patients, ces derniers sont souvent agressifs sans que le psychanalyste n’en paraisse gêné. D’ailleurs, quand le psychanalyste de son côté va faire des séances de supervision, il s’autorise lui-même à être très agressif à chaque fois qu’il en a envie.
C’est là, pour les personnes boulimiques, la faille de l’approche psychanalytique. L’expérience montre que pour ces personnes il ne suffit pas d’être authentique pour avoir de l’estime de soi. Il faut aussi savoir être authentique avec les gens, sans les agresser, sans les coller, sans tenter de les fuir. Il faut réussir à être comme ça même avec ses proches, avec tout le monde. Ce n’est qu’après avoir réussi à être soi-même avec les autres et que les autres parviennent à se sentir bien avec vous que vous réussirez enfin à avoir de l’estime de vous-même.
Après, et après seulement, vous parviendrez à lâcher prise sans avoir besoin de faire des boulimies. Alors, et alors seulement, en cas d’obésité, vous pourrez réussir à tenir un régime sur la longueur et supporter au besoin un anneau gastrique s’il s’avère nécessaire.
Boulimie et anneau gastrique
Quand est-on boulimique ?
L’anneau gastrique est souvent envisagé comme une solution par les personnes qui souffrent d’une boulimie non vomitive et qui prennent énormément de poids. Certaines sont obèses. D’autres passent par des variations de poids fréquentes et spectaculaires (parfois de plus 30 kilos à moins 30 kilos) en faisant régulièrement des régimes très stricts pour perdre le poids qu’elles ont amassé en très peu de temps. Si on prend très rapidement 20 ou 30 kilos en un seul mois, on met plus longtemps à les perdre. Mais si l’anneau gastrique est une solution pour un grand nombre d’obèses, tous les obèses ne sont pas boulimiques. L’anneau gastrique est-il souhaitable pour des personnes boulimiques en cas d’obésité ? Et comment différencier une personne obèse non boulimique d’une personne obèse boulimique ?
Selon la définition médicale, on est boulimique quand on mange plus que de raison, de grandes quantités, sans faim, qu’on fasse des crises de boulimie ou que l’absorption de la nourriture se fasse régulièrement tout au long de la journée. Certaines personnes souffrant de boulimie se font vomir, d’autres non. Ces dernières parviennent très souvent à échapper à l’obésité par du sport intensif, ou bien en alternant des périodes pendant lesquelles les kilos peuvent s’accumuler en très peu de temps et des périodes pendant lesquelles elles font des jeûnes drastiques pour perdre en peu de temps les kilos trop vite amassés.
Sous l’angle de la psychologie, la boulimie ne se définit pas seulement par un trouble du comportement alimentaire, que ce soit une boulimie vomitive ou non vomitive. La boulimie peut être passagère, à la suite d’un évènement de vie difficile. Dans ce cas la boulimie peut être intense, mais on sait qu’elle ne durera pas si la personne ne présente pas des troubles d’identité, ou des troubles relationnels quand l’affectif est en jeu.
Boulimie et anneau gastrique
Qu’est-ce qu’un anneau gastrique ?
Dans les cas d’obésité, pour limiter les quantités de nourriture absorbées, il est assez fréquent de poser un anneau gastrique sur la partie haute de l’estomac pour en réduire la taille. Cela se fait de façon chirurgicale. En diminuant le volume de l’estomac, l’anneau gastrique diminue le volume d’aliments ingérés sans en perturber la digestion. L’anneau gastrique peut être retiré si nécessaire, soit parce que la personne le demande, soit parce qu’il est inefficace. Contrairement à d’autres techniques comme le by-pass ou la sleeve, l’anneau gastrique n’est pas une technique d’amputation. Il permet de réduire le volume des repas et d’apporter un sentiment de satiété plus rapide. Certaines personnes obèses en sont très satisfaites parce que ça leur a permis de réussir à perdre énormément de poids. Sans anneau gastrique elles n’y seraient pas parvenues. Beaucoup de personnes obèses à plus de 100 kilos, ont réussi à devenir minces.
Boulimie et anneau gastrique
L’anneau gastrique est-il une solution face à la boulimie
Certaines personnes boulimiques deviennent obèses quand elles n’ont plus la force ni le courage d’alterner les phases de boulimie et de régime très strict, ou de se faire vomir. Elles sont tellement désespérées de ne pas réussir à se retenir de manger trop, qu’elles envisagent parfois l’intervention chirurgicale de l’anneau gastrique pour que ce dernier leur permette de manger moins. En principe les chirurgiens refusent de mettre des anneaux gastriques à des personnes boulimiques, parce que le problème chez celles-ci n’est pas qu’elles n’ont pas un sentiment de satiété. Les boulimiques ne mangent pas parce qu’elles ont faim. Elles mangent parce que la nourriture leur procure un apaisement. Si elles devaient réduire leur alimentation grâce à un anneau gastrique, elles souffriraient énormément de ne pas pouvoir manger autant qu’elles ont besoin. Il y a des personnes boulimiques obèses qui s’étaient fait mettre un anneau gastrique. La plupart, malgré la l’anneau gastrique, se débrouillaient pour faire des boulimies tout de même. Un garçon qui faisait 120 kilos a réussi à perdre 50 kilos grâce à l’anneau gastrique. Néanmoins, cela n’a pas résolu son problème de boulimie. L’anneau gastrique lui a permis de perdre beaucoup de poids mais n’a pas résolu son problème de fond, celui qui fait qu’il est boulimique. Pour sortir de la boulimie, cette fois, il n’aura plus besoin de perdre du poids mais d’acquérir de l’estime de soi. Quand on n’a pas d’estime de soi, les rapports avec les autres ne sont pas naturels. On se sent seul et isolé. Sans une communication fluide avec les autres on finit par manquer totalement de repères. Le manque de repères créé beaucoup d’angoisses. Et l’angoisse pousse à manger (ou à ne pas manger chez certains). C’est donc en amont qu’il faut travailler sur soi afin de perdre du poids, quitte à se faire poser un anneau gastrique quand on n’est plus boulimique.
Boulimie et anneau gastrique
Existe-t-il une contre-indication médicale de porter un anneau gastrique lorsque l’on est boulimique ?
Les médecins le savent, l’une des principales contre-indications à l’anneau gastrique, en dehors des maladies psychiatriques non stabilisées, c’est la boulimie. D’après le docteur Faredj Cherikh, le danger qui guette les boulimiques qui se font poser un anneau gastrique, c’est que la personne peut développer une évolution anorexique qui pourrait mettre leur vie en danger.
Il faut considérer la boulimie anorexie comme le symptôme d’un trouble d’identité et de trouble relationnel quand l’émotion est en jeu. La psychanalyse a enseigné que le symptôme n’est pas le problème de fond. En l’occurrence, il est nécessaire de régler d’abord le problème de fond, sans essayer de réguler le poids, parce que tant que le problème de fond n’est pas réglé, la nourriture est la seule chose qui peut apaiser la personne boulimique.
Boulimie et anneau gastrique
Contre-indication anneau gastrique boulimique
Quels sont les risques ?
Des personnes boulimiques et obèses ont réussi à perdre beaucoup de poids avec un anneau gastrique, sans pour autant être débarrassées de leur souffrance existentielle. La plupart ont réussi à échapper aux complications chirurgicales habituelles de l’anneau gastrique. Mais on observe parfois des des carences nutritionnelles. Dans un reportage télévisuel, une jeune femme boulimique qui s’était fait poser un anneau gastrique a eu un rétrécissement outre mesure de son estomac qui ne lui permettait de manger que de toutes petites quantités. Il s’en est suivi des troubles physiques dus au manque de fer, de calcium et de vitamines dans son organisme. Si le taux de mortalité reste faible, les carences en nutriments affaiblissent l’organisme. Quoi qu’il en soit, pour une personne dont l’obésité devient un handicap, l’anneau gastrique reste une solution, à condition d’avoir fait une psychothérapie efficace auparavant.
Boulimie et anneau gastrique
Mieux vaut voir un psychothérapeute pour vaincre la boulimie
La question alors se pose de savoir quel type de psychothérapie il faut faire pour avoir un résultat efficace contre la boulimie. L’expérience montre qu’on a de meilleurs résultats avec une psychothérapie confrontante, parce que les personnes boulimiques ont tendance à développer une personnalité d’emprunt affable, joyeuse, serviable. En psychologie, on appelle cela un faux-self. Sortir de ces automatismes relationnels d’emprunt nécessite une psychothérapie confrontante basée sur l’authenticité. L’idée est d’apprendre à être soi pour basculer d’une personnalité d’emprunt à une personnalité qui est simplement soi. Mais oser apprendre à être soi n’est que la première étape. Elle permet de gagner en affirmation de soi, du vrai soi, sans pour autant parvenir à atteindre l’estime de soi. Comme disent les psychologues et les philosophes contemporains qui se sont beaucoup enrichis des connaissances psychanalytiques, l’estime de soi ne vient pas simplement lorsqu’on parvient à être soi-même. L’estime de soi vient lorsqu’on a acquis la capacité de gérer sa vie relationnelle d’une façon agréable et fluide, sans jouer un rôle. Elle vient lorsqu’on a réussi à se sentir enfin bien parmi les autres. L’estime de soi se gagne à la suite d’un épanouissement relationnel.
Boulimie et anneau gastrique
Deux choix : la psychothérapie individuelle et la psychothérapie de groupe
Même si on est très pressé de perdre les nombreux kilos en trop, et si on est prêt à envisager la pose d’un anneau gastrique, il vaut mieux commencer par une psychothérapie. Si on ne commence pas d’abord par débusquer la personnalité authentique qui se cache derrière la fausse légèreté qu’on affiche face aux autres pour cacher sa honte et ses méga complexes, le besoin de lâcher prise en se jetant sur la nourriture ne partira pas. Tous ceux qui n’ont pas travaillé en priorité à lâcher leur personnalité d’emprunt en devenant vraiment eux-mêmes (avant d’attaquer une période de jeûne très importante ou d’envisager la pose d’un anneau gastrique) ont peut-être réussi à perdre beaucoup de poids, mais sans être libérés de l’obsession de la nourriture. Ainsi après avoir fait très sagement une longue période de jeûne, ils reprennent petit à petit tout le poids qu’ils ont perdu en ne résistant pas à remanger plus que de raison. Quant à ceux qui se sont fait poser un anneau gastrique, ils parviennent peut-être à s’habiller en taille 38, mais ils restent très agités à l’intérieur d’eux-même, obsédés par le besoin de re craquer sur la nourriture.
Avant donc de s’engager dans un processus assez long de perte de poids, il est peut-être souhaitable de supporter ses formes. Même si on se trouve très laid physiquement, on a intérêt, dans un premier temps, à oublier qu’on se trouve laid et à faire en sorte de devenir une très belle personne à l’intérieur, en cessant de tricher pour plaire, en s’exercer à avoir un contact authentique et ajusté aux autres, en cessant d’être la personne toujours sympa qui fait souvent des cadeaux pour devenir quelqu’un avec qui la communication est si agréablement juste que sa seule présence est un cadeau. De tels changements nécessitent l’intervention d’un psy qui, en psychothérapie individuelle, sera la personne avec qui on se confronte pour s’exercer à être soi-même sans tricher, sans en faire trop, et bien sûr sans fuir, quand ce qu’on a à dire est difficile à dire, ni agresser quand on est contrarié, ou bien aussi sans être fusionnel, c’est-à-dire collant comme on l’était bébé avec sa personne d’attachement.
Boulimie et anneau gastrique
Avantages et inconvénients de la psychothérapie individuelle
La psychothérapie de groupe n’étant pas encore connue pour sa puissance thérapeutique, la plupart des gens souhaitent faire une psychothérapie individuelle. Cela se comprend. Quand une personne se déteste, si elle a honte d’elle-même, et si elle souffre beaucoup, elle préfère le « one to one » par peur de se montrer telle qu’elle est face aux autres. Mais comment parviendra-t-elle à trouver un psychothérapeute avec qui elle va bien s’entendre et qui surtout va réussir à la comprendre ? Comment trouver un psychothérapeute qui saura voir son patient comme il est, sans se laisser influencer par son charisme, son humour et son aisance intellectuelle ? En un mot comment trouver un psychothérapeute qui, au-delà de son expertise en psychologie, saura lui aussi rester lui-même sans faire le gentil ni l’expert ? C’est ce style de psychothérapeute qui est nécessaire pour faire une psychothérapie confrontante, un psychothérapeute du genre de Fritz Perls.
Je me souviens d’avoir vu une une séance individuelle entre une jeune femme et Fritz Perls sur youtube. (Elle y est toujours et vous pouvez la trouver en cliquant sur ce lien https://youtu.be/OBqk-TZCpFA)
Fritz Perls était médecin, psychiatre et psychanalyste. Il a fui l’Allemagne nazie pour créer un institut de psychanalyse en Afrique du Sud. Mais il ne s’épanouissait pas en tant que psychanalyste, pas plus que ses patients d’ailleurs. Il a donc renoncé à être psychanalyste pour devenir un psychothérapeute interventionniste. Il pouvait se le permettre parce qu’il savait ce qu’était un « transfert » et un « contre transfert », c’est-à-dire qu’il savait gérer la bonne distance entre lui et ses patients, n’étant ni neutre, ni trop chaleureux. Son écoute était juste, humaniste et… « rentre dedans ». Avec lui on ne pouvait pas jouer à l’enfant, chercher un papa, faire la victime, tenter de lui plaire en minaudant. Si vous regardez la séance avec Gloria, (le lien ci-dessus) vous verrez que Fritz Perls n’est pas dupe quand Gloria minaude pour qu’il s’intéresse davantage à elle.
C’est ce type de psychothérapeute qu’il faut trouver si on a absolument envie de faire une thérapie individuelle. Quelqu’un qui vous regardera comme vous êtes et qui vous encouragera être vous-même sans jouer un rôle ou faire l’enfant (tantôt soumis, tantôt râleur)
Boulimie et anneau gastrique
Avantages et inconvénients de la psychothérapie de groupe
Il y a plusieurs sortes de psychothérapies de groupe. Si le groupe est animé par un psychiatre formé à la thérapie cognitivo-comportementale, ce ne sera pas la même approche que celle d’un psychanalyste ou que celle d’un psychothérapeute humaniste. Indépendamment de la formation du psy, sa posture aussi est importante. S’il est trop neutre, ou trop chaleureux, cette approche ne conviendra pas aux personnalités qui ont besoin de travailler sur le contact à l’autre pour devenir elles-mêmes, ce qui est votre cas. Comme c’est aussi le cas, en général, de toutes les personnes qui ne savent lâcher prise sans une addiction.
Je ne vois pas d’inconvénient à la psychothérapie de groupe. Je ne lui vois que des avantages : il n’y a pas besoin de rabâcher son passé ni d’évoquer les événements traumatisants qu’on a traversés. Même si ces événements ont été déclencheurs de l’addiction, ils n’en sont pas la racine. Dans un groupe les échanges, où on s’efforce courageusement d’être aussi authentique que possible, révèlent beaucoup de choses sur les gens qui participent. Chacun se découvre tel qu’il est mais aussi tel qu’il est perçu. Et la manière dont il est perçu peut lui apprendre énormément de choses sur lui-même. Des choses qu’il ne verrait sans doute pas en psychothérapie individuelle. On y apprend beaucoup sur soi mais aussi sur ses dysfonctionnements relationnels. Et puis on peut y apprendre aussi (en s’entraînant dans des jeux de rôle) comment être authentiquement soi-même sans être agressif ou sans tenter d’échapper à ses émotions par de brillantes intellectualisations.
C’est en faisant ce travail-là que, petit à petit, on peut apprendre non seulement à être authentique mais aussi à l’être sans incommoder les gens. Et c’est très difficile à faire en individuel.
Je ne sais pas si vous avez vu la série « En Thérapie ». C’est une très bonne série qui montre parfaitement ce qu’est le travail d’un psychanalyste compétent. On voit bien dans la série que, s’il y a une recherche d’authenticité chez ses patients, ces derniers sont souvent agressifs sans que le psychanalyste n’en paraisse gêné. D’ailleurs, quand le psychanalyste de son côté va faire des séances de supervision, il s’autorise lui-même à être très agressif à chaque fois qu’il en a envie.
C’est là, pour les personnes boulimiques, la faille de l’approche psychanalytique. L’expérience montre que pour ces personnes il ne suffit pas d’être authentique pour avoir de l’estime de soi. Il faut aussi savoir être authentique avec les gens, sans les agresser, sans les coller, sans tenter de les fuir. Il faut réussir à être comme ça même avec ses proches, avec tout le monde. Ce n’est qu’après avoir réussi à être soi-même avec les autres et que les autres parviennent à se sentir bien avec vous que vous réussirez enfin à avoir de l’estime de vous-même.
Après, et après seulement, vous parviendrez à lâcher prise sans avoir besoin de faire des boulimies. Alors, et alors seulement, en cas d’obésité, vous pourrez réussir à tenir un régime sur la longueur et supporter au besoin un anneau gastrique s’il s’avère nécessaire.
2/ On s’en sort : leurs témoignages
Elles (ils) ont choisi de témoigner à visage découvert, des années après avoir été boulimiques anorexiques ou hyperphagiques. Elles ont connu d’autre thérapies et valident le travail en groupe sur l’identité et le relationnel affectif. L’ensemble des vidéos “On s’en sort” : ici