Boulimie et sexualité
À mon premier groupe, j’ai eu l’impression de naître.
Ce témoignage est très touchant et de nombreuses personnes qui souffrent de boulimie anorexie se reconnaîtront dans ce besoin d’être parfait et de toujours chercher à faire plaisir à l’autre. C’est la moindre des choses pour se rendre utile, quand on pense qu’on est nul, peu intéressant et sans intérêt.
« Alors que moi quand je suis arrivée en en groupe, mon premier groupe, j’ai eu l’impression de naître.
Donc j’ai commencé par l’anorexie aussi, mais en fait je n’existais pas. J’avais besoin de me nourrir quand je me nourrissais de l’amour des autres du regard des autres…
Même en primaire je travaillais pour mes professeurs. Il fallait qu’ils soient fiers d’eux, il fallait qu’ils existent par moi. Comme je savais plus avec qui me nourrir, avec quoi me nourrir, j’ai trouvé la brioche, ce qui était super efficace !
Pour les hommes aussi par exemple sexuellement j’ai accepté d’avoir des relations sexuelles pour faire plaisir. J’ai dit prends-moi, prends-moi, touche-moi, vas-y, fais tout ce que tu veux. Parce qu’il fallait que l’autre soit comblé. Et bon c’est allé très vite très loin, parce que j’ai travaillé par exemple avec des chirurgiens qui utilisaient ça et je me sentais exister par leurs gestes déplacés. Enfin j’ai essayé… Ah oui j’ai vu une nutritionniste qui m’a dit de manger des pommes. Sur quoi je lui dis que ça ne fait pas le même effet que la brioche : j’ai essayé un 10 kilos de pommes et tout ça…
Et c’est là où j’ai eu la pensée, effectivement : en fait je n’ai jamais existé parce que je suis un monstre. Si j’existe je serai un monstre et c’est là que j’ai eu peur j’ai et c’est pour ça que de le fait de manger c’était « tais-toi, tais-toi, écrase ça, écrase ça, parce que, après c’était 15, 20 crises par jour. Je faisais plus que ça : manger, vomir, dormir. Mais j’avais l’impression que j’avais le choix de pouvoir mourir. Ma psychiatre a essayé de me shooter avec des anxiolytiques. Mais enfin contre l’appel de la brioche, un anxiolytique, même dosé à… C’est plus fort, la brioche !
Et ça m’a mené en clinique psychiatrique. Je suis quand même arrivée en clinique psychiatrique en disant : « bon j’ai posé 2 semaines en 2 semaines on règle tout ça. Plus de boulimie plus de … ». Elle m’a arrêté tous les traitements qui m’endormissaient. Je n’avais pas le droit de faire des boulimies, c’est vrai. J’ai été enfermée dans ma chambre des journées entières sans rien. Parce qu’au début bien sûr je prenais soin des autres patients. Je lisais, j’écrivais, voilà.
Et en fait elle m’a mise à nu devant moi. Ça a été très difficile, parce que j’ai cru que j’allais mourir, vraiment. Ça m’a amenée dans des états psychiatriques un peu extrêmes.
Après la clinique psychiatrique, du coup, j’étais réinitialisée. Mais je n’étais personne, du coup. J’ai compris que je pouvais vivre mais je ne savais pas comment. Donc, bah, j’ai repris les crises parce que je ne savais pas comment faire.
Et c’est pour ça que ce film aujourd’hui pour moi c’est vraiment une magnifique chance et de pas être floutée aussi.
Et oui je suis en médecine, je fais des études de médecine. Et oui, j’ai toujours été une fille parfaite. Et aujourd’hui, non.
Je ne suis pas parfaite et j’aime ça ! »
2/ On s’en sort : leurs témoignages
Elles (ils) ont choisi de témoigner à visage découvert, des années après avoir été boulimiques anorexiques ou hyperphagiques. Elles ont connu d’autre thérapies et valident le travail en groupe sur l’identité et le relationnel affectif. L’ensemble des vidéos “On s’en sort” : ici